2010: Transat en solitaire sur un Corsaire
C'est bien sûr en page d'accueil, mais Voiles et Voiliers a publié dans le numéro de Septembre 2016 un entrefilet sur les mésaventures de la Mangue Bleue, et rappelle qu'en 2010, ils avaient fait un reportage sur ma transat en solitaire sur un Corsaire: 4.500 milles sur un voilier de 5m50, un voyage extraordinaire. Il se trouve que le lien qui était en page d'accueil renvoyait sur un album Google-Picasa, qui n'a plus l'air d'exister.
Points journaliers:
Pierre et le tourisme mécanique
Le lendemain, c'est Pierre, mon pote bizarre, qui embarque. Pierre a fait partie de ceux qui ont décidé de partir en mer à la recherche de Franck et Nicolas. Il était sur Selah, dans l'équipe qui avait pour nom de code SAUVAGES. J'avais aussi les LHERMITTIENS, les MALGACHES et les CONIFÈRES, et un gars en Nouvelle Calédonie me faisait le routage pour chaque équipe, à moi de trouver les moyens techniques sur Mayotte pour joindre chacun.
Pierre, depuis son arrivée sur Madagascar, est à la recherche d'un arbre d'hélice. Diamètre 32, 2m00 de long. En mettant pied à terre, il a acheté un pied à coulisse et une brosse à dents. Dans cet ordre.
Pierre aime les bateaux de travail. C'est pourquoi nous passons si près de ce bateau, racheté par des Sudaf, remâté faut voir comment, et équipé d'une grue et de tout le matériel de plongée nécessaire pour pouvoir récupérer la ferraille sur les épaves qui traînent dans la vase malgache. A priori, on ne rejoint pas ses mains en essayant de serrer le mât avant dans ses bras…
Mais heureusement, Pierre a d'autres marottes, et depuis le naufrage de la Mangue Bleue, il s'intéresse aussi énormément à la survie, et aux annexes dynamiques, c'est-à-dire capables de naviguer efficacement en mer, à l'aide d'un gréement pour profiter du vent. C'est d'ailleurs le cas de mon dinghy:
Pour lui, la pirogue est une vraie solution, et le voilà à faire blabla avec le moindre charpentier naval qu'il croise, à la recherche du point faible de l'esquif sus-nommé !
J'en profite pour photographier ce boutre à balancier, et son chargement de feuilles de Ravenala, élément de base de la couverture malgache.
Nous retournons sur Nosy Bé. Au port, on admire le contraste des différents bateaux au mouillage. C'est la première année que je vois autant de luxe sur Nosy Bé.
Nous passons à Madirokely, pour régler certaines choses. M'zouazia, le langoustier fabriqué à Mayotte vient de mouiller, et débarque ses équipiers.
Ce lieu très connu de Madagscar est particulier : C'est pour moi une petite Cote d'Azur à l'ambiance niçoise, où les pirogues ne viennent plus que pour décharger et vendre aux hôtels le produit de leur pêche… Mais les opérateurs de pêche touristique vendent des sorties de pêche au gros, et ensuite, ce qu'ils ont pêché aux mêmes hôtels, il ne reste donc plus beaucoup de place pour la pêche traditionnelle. Reste encore aux petits pêcheurs la possibilité de remiser leur pirogue, et de chercher une embauche dans ces hôtels ou sociétés de pêche au gros, l'économie locale se décalant toujours plus vers le tourisme.
Nous rentrons sur Hellville.
Notre tourisme mécanique continue et nous voilà chez un tourneur, toujours à la recherche de l'arbre qui cache la forêt. Rien ici…
En se baladant dans la mangrove qui encadre le port de Nosy Bé, nous distinguons un mât, qui dépasse au dessus des paletuviers. C'est bien Faramineuse, un voilier que je connais depuis quelques années déjà, et qui navigue beaucoup dans la région. Il est en entretien, la cabane du menuisier est juste derrière, sur la rive. Nous n'avons pas pu comprendre comment le bateau tenait en équilibre à marée basse…
Bien sur, nous n'allons pas rentrer à vide à Mayotte : Pierre se charge de trouver le produit le plus encombrant possible, à moindre frais. Mission réussie, a priori !!
Nos pérégrinations me conduisent au port, mais un peu plus décalé, en latéral. À marée basse, c'est l'heure du boulot sur toutes les vieilles coques pouraves qui trônent dans le port.
À Madagascar, rien ne se perd : les bateaux pourris sont réparés, et quand ils sont trop pourris, ils sont revendus, et déplanchés pour en réparer d'autres. J'ai rarement vu un pays avec aussi peu de détritus. Je pense que si le plastique n'était pas arrivé sur cette île, il n'y aurait aucune poubelle et aucun déchets : tout est récupéré avec soin.
Les gars enduisent les planches avec une espèces d'huile noire, qui capte la chaleur du feu. Ils enfourchent ensuite un tronc très lourd sur la planche…
…qu'ils laissent doucement retomber en latéral…
jusqu'à avoir le bon cintre pour que la planche s'adapte parfaitement à la coque à réparer.
Une fois refroidie, la planche garde sa forme, il n'y a plus qu'à la retailler, puis la couper de long pour qu'elle prenne sa place.
C'est un travail de longue haleine que les malgaches maîtrisent parfaitement. Viendra ensuite le calfatage, puis le goudronnage.
Les panoramiques permettent de bien mettre en valeur les fresques de l'activité malgache.
Alors qu'un plan plus rapproché va aider à mettre en valeur un élément de cette frénésie.
Le port pirogue, escale indispensable aux Vazas, sac à dos, qui se rendent à Nosy-Komba. À marée basse, c'est une horreur…
Nous profitons des gargotes locales. L'objectif est double : manger pour le moins cher possible, et être malade le lendemain. Hormis la soupe de Clémentine, imbattable avec ces 500 Ariary (14 centimes d'euros) et ses 4 morceaux de lard qui surnagent, il est difficile de manger pour moins de 3.000 Ariary, soit quasiment 1€. Dans les gargottes un peu plus cossues, le plat est rarement au dessus de 12.000 ariary (3€50). Quant à être malade, je n'y suis jamais arrivé… Pierre, lui, a visité la clinique italienne pour son problème de dent. Comme ils lui ont soigné avec un gant de boxé lesté d'un fer à cheval, il a préféré le dispensaire pour sa fièvre et sa tension dans les chaussettes. Quand t'es malade à Mada, la meilleure chose à acheter, c'est un billet d'avion, disent ici les expats!!
Après un petit tour de marché qui remplit le filet du bord, nous repartons pour Nosy Komba, où m'attend mon nouvel équipage. Si j'aime Madagascar, c'est aussi pour les nombreux fruits et légumes que Mayotte n'arrive pas à produire. Les œufs, emballés délicatement dans de la bourre…
Mamoko avec Sandrine
Le lendemain de notre arrivée, nous profitons d'un réveil matinal pour commencer la journée par un bon p'tit dej. Il fait froid malgré le soleil qui commence à monter sur l'horizon.
En ville, c'est l’effervescence : une livraison de qat vient juste d'arriver de Grande Terre. Le qat, à Madagascar, est une des drogues légales, consommée principalement par les chauffeurs de taxi. Pour certains, c'est à cause de ça qu'ils sont complètement stone, pour d'autres, c'est grâce à ça qu'ils tiennent aussi longtemps au volant. No comment…
Sophie nous fait ses adieux, c'est difficile de voir un membre de l'équipage partir, et nous levons l'ancre pour Mamoko, petite île, et même archipel minuscule situé dans la baie d'Ampasimena, juste en face de Nosy Bé, par 13°43S / 48°11E. Nous laissons derrière nous le port et son activité.
En route, nous croisons toutes sortes d'embarcations. Je vous laisse juger du contraste…
San profite de la route pour réviser un peu les différents types de gréement. Je l'initie également au compas de relèvement : «puisque je te dis qu'on est là !!!»
Nous passons à côté de l'île de Tany Kely, classée réserve naturelle.
Et nous arrivons dans notre petit coin de paradis. Nous mouillons au Nord de l'île de Mamoko, entre une multitude de petits îlots.
Après avoir rapidement mouillé IRMA, nous partons avec notre annexe à voile, que Sandrine aime de plus en plus. Apéro dans le coucher de soleil, ça a l'air de parfaitement convenir à Madame !!
Le lendemain, j'initie Sandrine à l'un des mystères de la marine à voile les mieux gardés : Le pain à la cocotte-minute !
Prenez un kilo de farine (dont une certaine proportion de farine complète, ou autre), 4 cuillers à café de sel, 2 sachets de levure (soit 11 grammes), mélangez le tout.
Rajoutez 3 cuillers à soupe d'huile d'olive, 500g d'eau, et malaxez le plus longtemps possible. Rajoutez quelques pincées de farine pour vous débarbouillez les mains, et faites un joli pâton dans un saladier, que vous laissez reposer ¾ d'heure.
Malaxez à nouveau le pâton en y ajoutant des noisettes et des raisins secs, ou d'autres choses bien bonnes : saucisson, fromage, chocolat, noix, etc.
Huilez avec soin la cocotte-minute sur toute sa hauteur, et déposez-y au fond le pâton bien farineux.
Laissez encore lever ¾ d'heure, puis fermez la cocotte, sans la soupape, et mettez le feu le plus doux possible.
Après ¾ d'heure, retournez le pain dans la cocotte.
Faites encore cuire ¾ d'heure, et sortez de suite le pain bien cuit de la cocotte-minute.
Dégustez.
Mais c'est plus rapide à écrire qu'à faire, et pendant que le pain lève tranquillement, nous rejoignons un des îlots pour nettoyer la carène du dinghy.
C'est fait en 20 minutes, et nous lavons aussi l'intérieur.
Nous visitons ensuite ce petit îlot, constitué de roches qui se séparent en feuilles, comme de l'ardoise. Nous n'avons pas assez de connaissances pour dire si c'est calcaire, basaltique ou quartzique, mais nous sommes bien d'accord pour dire que c'est… magnifique !!
Je me régale des effets de texture, et n'hésite pas à faire quelques gros plans de la roche.
Des gros morceaux de roche aux formes géométriques jonchent le sol.
C'est tellement beau que l'on n'arrive plus à rentrer… Le pain va déborder de la cocotte…
Sandrine m'arrache à mes rêveries, et nous retournons vite sur le bateau pour contrôler la deuxième levée. Ouf, il était temps, le pain tient maintenant toute la cocotte.
J'allume le feu au plus doux, et la cuisson lente commence. Pendant ce temps, Sandrine reprend son occupation favorite…
Je retourne ensuite le pain, et ¾ d'heure après, c'est fini !!
Pendant qu'il refroidit, nous retournons en expédition, pour un nouvel îlot ! Celui-ci possède un banc de sable blanc, ainsi qu'un incroyable parc à huître !!
Regardez la forme de ces cailloux, ainsi que la disposition que la nature lui a donnée. Et ce mur.
Un palétuvier, qui a réussi à se trouver un chemin dans la roche. Ses copains ont fait de même.
On farfouille à la recherche de trésors…
Et de retour sur le bateau, nous dégustons le pain.
Lever de soleil, à 5h30. Nous nous couchons si tôt que je me réveille souvent avant 6h le matin.
San protite de la pétole pour faire de l'anthropologie comparative. C'est une branche très pointue dans laquelle elle excelle !
Arrivés dans les méandres de Mamouko, nous lavons rapidement le pont, avant de partir en balade dans la mangrove. Sandrine en profite pour apprendre à ramer.
Le lendemain, crêpes au p'tit dèj ! Et nous repartons déjà pour de nouveaux horizons !
Sandrine fait puis étend sa petite lessive. C'est trop mignon…
Le vent se lève, ça commence même à brasser un peu, et je vais me reposer à l'intérieur. Sandrine est bien, heureuse de contempler les vagues, les embruns, le bateau qui fait son boulot… Sandrine adore la navigation, voguer au gré du vent, et ne comprend absolument pas que certains s'emmerdent à utiliser un moteur ! Elle n'a jamais râlé quand l'absence de vent nous empêchait d'atteindre un but, ni quand il fallait barrer finement dans un vent à peine existant, pour essayer malgré tout d'avancer. C'est une excellent camarade, qui a toujours le sourire jusqu'aux oreilles. De plus, elle me fait grande confiance, ce qui la met dans un grand sentiment de sécurité.
Bon, elle finit quand même par m'appeler pour me signaler une route de collision avec un boutre. Lui aussi fait son boulot, et file au grand-largue, vers les montagnes du fond de la baie.
Ce sont des bateaux qui ne peuvent naviguer que jusqu'au travers, voire un petit largue, mais qui ne pourront jamais tirer des bords pour remonter un vent établi. Ils font donc leurs rotations au gré des vents, qui s'inversent souvent vers le milieu de la journée.
Nous passons entre Nosy Komba et la Grande Terre. C'est toujours magnifique, et nous lofons en grand pour longer la côte, et rejoindre le mouillage d'Ampogorinana, le village principal de Nosy Komba.
Au lever du soleil, c'est magnifique…
Nous reprenons l'annexe dynamique, pour partir encore nous balader.
Sandrine adore cette annexe, qui lui permet de visiter la côte de près, toujours en profitant du vent et du calme que lui procure la navigation à voile.
Les pirogues en bois sont en voie de disparition à Nosy Bé, progressivement remplacées par des bateaux à balancier en fibre de verre et résine.
Nous visitons le domaine de Steevio, un ami de longue date, qui multiplie les activités : sculpture, extraction et commercialisation de pierres de taille, et fabrication et location de petites résidences. Il aménage avec goût depuis plus de 10 ans sa vaste propriété.
D'en haut, on a une vue sur le village…
Nous redescendons ensuite sur la plage. Dans ce village, partout où votre regard se tourne, tout est beau.
Nourou est en train de nous préparer un repas de roi pour ce soir, et Augustin l'aide à la tâche : ce canard sera bientôt réduit en morceau dans une sauce, avant de finir dans nos estomacs gourmands !
En attendant, nous profitons de la lumière rasante pour continuer notre visite.
Place au repas !! Nous nous sommes un peu attardés au bar La Plage, et les Caïpirinha ne sont pas vraiment connues pour leur légèreté : Après la troisième, dont celle de la patronne, nous nous rendons chez Nourou en titubant un peu.
Il faut même carrément tenir Sandrine, qui tombe rapidement sur la natte commune.
Va-t-elle, à un moment, s'arrêter de rire ?!
Après cet excellent repas, nous rentrons au bateau, toujours avec un petit coup dans l'aile. Il faut dire que Nourou ne flambe pas ses bananes à l'eau, hélas !!
Le lendemain, nous partons en pirogue pour Nosy Bé : Sandrine a terminé son séjour à bord, et je dois finir de faire les papiers du bateau.
J'en profite également pour vous mettre en ligne ce nouvel article…
Traversée Mayotte Madagascar
Retour à début juillet…
Les vacances approchent, et nous commençons sérieusement à penser à nos départs respectifs. Chacun s'est organisé en fonction de son équipage, Franck partira le samedi 9 juillet pour Madagascar, afin de confronter son catamaran à la houle du large. Quant à moi, je dois attendre Sandrine, le départ ne pourra pas se faire avant le 15. En attendant, nous carénons la Mangue Bleue, nettoyage de la coque pour certains, peinture des vieilles réparations pour moi, afin que le CP ne s'abîme pas.
3 jours après je vois donc la Mangue Bleue partir, alors qu'il me reste encore pas mal de choses à boucler sur IRMA pour bien préparer mon départ. Oui, ce ne sont que des petites choses, mais j'aime que mon bateau soit bien fignolé, histoire qu'après un bon coup de gîte, il n'y ait pas tout qui traîne en vrac au milieu du bateau.´
Le lundi 11 juillet, alors que je suis en train de travailler à tout ça, j'apprends par message téléphonique une bien triste nouvelle : La Mangue Bleue a fait naufrage au large, deux des quatre occupants se sont rapprochés de Mayotte sur une toute petite annexe pour envoyer ce message. Il faut maintenant déclencher les secours… Je fonce donc à la capitainerie, pour faire au plus vite. Dans l'heure, nous apprenons que les deux naufragés qui avaient courageusement quitté le bateau ont été récupérés par des pêcheurs, il reste maintenant à retrouver Franck et Nicolas, qui dérivent au gré du courant sur une des coques, heureusement insubmersible.
La mort dans l'âme, rongés par l'inquiétude et l'attente, les heures s'égrenent, avant de laisser place à des jours entiers sans nouvelles, puis des avions qui ne cherchent plus, avant que les navires déroutés sur zone ne reprennent également le cours de leur navigation.
À ces nouvelles, quelques voiliers du club décident, selon la disponibilité de leurs équipages de partir couvrir certaines zones situées dans le lit du courant. Mon départ, prévu pour le 15, est différé : mon copain est perdu en mer, difficile de partir dans des conditions pareilles… De plus, nous sommes maintenant rentrés dans une phase bien plus active, et j'ai l'impression d'être utile ici.
À Mayotte, l'inquiétude monte, les équipiers prêts à partir pour Madagascar se font de plus en plus rares, seule Sandrine n'a qu'une hâte : prendre la mer !
Il est donc décidé que nous partirons le 19, pour, nous aussi participer aux recherches, en nous déroutant au sud du Geyser. Sophie se joint à nous, pour renforcer l'effort de veille.
Mardi matin, donc, enfin déchargés d'une partie de la pression que ces événements tragiques apportait, nous partons enfin dans un vent soutenu, direction la passe Nord.
Les derniers jalons sont rapidement laissés sur l'arrière, et nous faisons enfin connaissance avec la houle du large, assez conciliante pour le moment, même si elle n'aide pas vraiment à garder le cap pour rejoindre le premier point de passage que nous nous sommes imposé.
Notre regard est en permanence tourné vers l'horizon, quelle joie se serait de retrouver nos compagnons, nos amis, nos frères… Francky, Nicolas, youhoooooou…
La nuit tombe, les filles sont ravies d'être là, d'être enfin parties, et je leur annonce comment les quarts vont se dérouler : deux personnes en permanence sur le pont, un coup de trompette et un signal lumineux effectué à 360 degrés tous les quarts d'heure, et une vigilance accrue après ces signaux, en attente d'une réponse lumineuse. Comme nous ne sommes que trois, ça fait quatre heures de quart éveillés pour seulement deux heures de sommeil : C'est peu, très peu, et il va falloir gérer ça sur trois nuits, ça ne va pas être une partie de plaisir. De plus, pour que les coups de trompette ne réveillent pas la personne qui dort, nous laisserons la musique le plus fort possible dans le carré, le dormant sera ainsi plongé en permanence dans du bruit, la trompette le dérangera donc moins. En gros, ça va être sport de dormir, il ne faut pas se le cacher…
Les filles écoutent avec attention, et valident chaque point. Nous attaquons donc la kyrielle d'heures de veille, chacun fait le boulot, chacun monte quand il faut y aller, ça bosse, et comme il faut : Francky, Nicolas, youhouuuu…
Le petit matin arrive, toujours rien sur l'horizon…
Vers midi, nous sommes tous réunis dans le cockpit, l'ambiance est excellente, nous nous organisons pour les siestes de l'après-midi, chacun est déjà, après la première nuit, dans une démarche très active, comme c'est rarement le cas sur les voiliers, surtout avec une mer agitée comme nous l'avons eu toute la journée et toute la nuit !
La bonne humeur des autres est un vrai remède à la mélancolie de chacun, et nous arrivons à passer au-delà des émotions qui nous accablent depuis plus d'une semaine. Un véritable esprit d'équipe et une entraide sont maintenant là : le sourire de Sophie, quand je la réveille à quatre heures du matin pour prendre son quart, alors qu'elle bondit depuis deux heures sur son lit à chaque coup de houle, c'est une vague d'adrénaline qui rejoint mon cerveau et me redonne courage dans notre démarche hasardeuse : nous cherchons une aiguille dans une botte de foin.
Un cargo croise notre sillage. Va-t-il récupérer nos copains ?! Francky, Nicolas, youhouuuu ?!
Et Sophie se met devant les casseroles pour nous faire des crêpes ! C'est chouette, ça !!
La deuxième nuit arrive. Nous pensons en permanence à nos amis, sur leur coque : comment s'est organisée la survie, peuvent-ils se mettre à l'abri, tant de questions dont nous aimerions la réponse…
Au petit matin, toujours rien. Bon Dieu, mais où sont-ils… Franck, Nicolas, youhouuuu…
Le troisième jour est bien plus mou, et il nous faut sortir le spi pour essayer d'avancer un petit peu… Nous testons également la perche IOR que j'avais fignolée avant de partir : un tube IRO d'électricien comme tige centrale, une roue d'annexe comme flotteur, et un drapeau orange pour être bien visible au loin. À l'autre extrémité, dans le tube IRO, j'ai glissé un tube en aluminium dans lequel j'avais coulé du plomb.
En cas d'homme à la mer, les consignes sont claires : crier pour alerter le reste de l'équipage, jeter la perche, puis lofer pour stopper le bateau. Mais pour éviter d'en arriver là, j'ai fabriqué une petite ceinture à l'arrière du bateau, emplacement qui sert aussi de WC. Chacun à l'obligation de prévenir qu'il va «déneiger l'entrée», et l'utilisation de cette pelle à neige est obligatoire, même pour le skipper, qui se serait bien passé de tout ça…
J'ajoute que quand je ne suis pas en haute-mer, cette perche IOR sert de bouée pour repérer mon corps-mort, plus besoin de gaffe pour la choper, et elle ne peut pas aller se planquer contre la coque, puisque la perche et le drapeau trahissent tout de suite sa présence. Il n'y a plus qu'à tirer dessus un bon coup, pour récupérer ensuite les aussières de mouillage.
Les journées passent, magnifiques. Nous admirons la mer, nous scrutons l'horizon à la recherche de Franck et Nico : Francky, Nicolas, youhouuuu…
Chaque soir, la nuit tombe. Pour moi, c'est toujours un apaisement. Je me demande si c'est pareil pour eux, là-bas, sur leur coque. Encore une question que j'aurai à leur poser…
Le troisième jour, au matin, nous arrivons sur les Mitsio, magnifique archipel situé au Nord de Nosy Bé. C'est un site réputé pour des vents très forts, et en effet, juste avant le lever du soleil, nous entrons dans les 20 nœuds de vent, ce qui nous permet d'accélérer, puisque la deuxième partie de l'après-midi nous avait surtout appris que le courant était très Nord, et nous baladait allègrement, spi ou pas spi…
Chacun reprend ses activités, voilà bien longtemps que la vie à bord est agréable pour chacun.
Mon équipage est merveilleux, c'est un plaisir de le manager.
Nous nous rapprochons au plus près des cotes, et Nosy Komba est enfin devant l'étrave.
Quand la nuit tombe, nous remontons le vent dans le goulet entre cette île et la réserve de Lokobé, mais un courant assez fort et la faiblesse du vent nous oblige à mouiller à à peine un kilomètre du port d'Hellville… C'est rageant, mais la mer est ainsi faite, et comme elle nous a offert un poisson à peine deux heures plus tôt, nous nous régalons de patates à l'eau et de poisson grillé. L'émotion est à son comble à bord : nous venons d'apprendre que Francky et Nicolas, après 11 jours de dérive, viennent d'être retrouvés à 15 milles des côtes de Nosy Bé, et sont maintenant à terre depuis 24 heures. Les yeux de chacun s'humidifient, c'est un tel soulagement de savoir que nos amis si chers sont enfin en sécurité !!
Après notre repas, le vent étant un peu plus fort, pendant que Sandrine va se coucher, Sophie et moi relevons le mouillage provisoire pour rejoindre le port.
Au petit matin, nous nous familiarisons avec la vie du port, toujours riche de rebondissements, comme ce cargo, qui décide de se mettre à couple de So Long : pas de bol, Kalou, que du Coca sur ce transporteur !!
Nous descendons à terre pour faire les papiers, et Francky et Nicolas nous tombent dans les bras, c'est tellement fort de les revoir, de pouvoir les serrer contre nous !! Ils sont bavards comme des pies, et nous racontent leur aventure, nous remercient pour tous les efforts variés que nous avons essayés de mettre en place pour les retrouver, et nous leur expliquons au mieux comment les choses se sont déroulées de notre côté. À midi, nous nous retrouvons pour un repas, et les détails continuent de nous être expliqués, nos amis vont bien, sont bien, parlent déjà de ce qu'ils veulent faire après, c'est tellement fort !!
Ils nous expliquent les 126 boulons qui se sont tous desserrés, malgré la Loctite et leur efforts pour les resserrer, et tous les autres détails du naufrage, de l'organisation de leur survie, etc.
Drame de mer
Solidarité de mer
Disparition de la Mangue bleue: Appel aux dons pour lancer des
recherches aériennes par une compagnie privée
Publié le lundi 18 juillet 2016 à 5:29
Une semaine après l’avarie subie par le catamaran la Mangue bleue, les recherches ont été interrompues par le CROSS de la Réunion qui supervisait les opérations. Les navires présents dans la zone sont tout de même alertés de la disparition de l’embarcation et sont chargés de se montrer attentifs.
Les proches des deux navigateurs portés disparus poursuivent de leur côté les recherches. Plusieurs bateaux sont ainsi partis de Mayotte et Nosy Be pour tenter de localiser l’épave grâce à un routeur travaillant depuis la Nouvelle Calédonie. À l’heure actuelle, ces recherches sont infructueuses mais pour augmenter les chances de les retrouver rapidement, ils souhaitent lancer une campagne de survols aériens au départ de Madagascar.
Pour cela, ils ont besoin de fonds afin de financer ces vols dont le coût est estimé à 10.000 euros pour couvrir un carré de 50 kilomètres de côté. Ils lancent donc un appel à la solidarité et une adresse mail est déjà créée pour centraliser la collecte.
Pour participer, vous pouvez envoyer votre identité et votre promesse de don à l’adresse suivante: franckyetnicolas@netcourrier.com
Si les proches des naufragés ont besoin de connaître rapidement les moyens dont ils peuvent disposer, ils ont convenu de ne mettre en œuvre ce dispositif aérien que si les calculs de dérive possible de l’épave sont probants. La décision finale sera prise par le routeur, ami d'un des portés disparus, qui guide déjà les différents voiliers en mer.
Une décision sera prise le plus rapidement possible.
Le 21 juillet, nos amis ont été retrouvés en dérive, à 15 milles au large de Nosy Bé. Nous remercions tous les gens qui nous ont suivi dans l'élan de solidarité incroyable qui a suivi ce terrible accident.
Énormément de personnes ont été impliquées lors de ces deux semaines éprouvantes. Nous tenons à remercier Le Manga Bé, Lapouz Noz, L'îlot Pizza, SGTM, Skanibal, L'ACHM, COPEMAY, Captain Alandor, l'ensemble des pêcheurs qui ont tenu une veille attentive, le CROSS de la Réunion, la SNCM, l'ODET et son équipage, Tip Top, l'ensemble des opérateurs nautiques, l'aéroclub de Petite Terre, le Journal de Mayotte.
À Madagascar, Tamarin, Nosy Bleu et les sociétés d'aviation qui ont effectué les recherches aériennes privées. Nous remercions aussi l'ensemble des gens qui ont participé de près ou de loin aux recherches, ou qui ont soutenu celles-là, ainsi que tous les donateurs qui ont permis aux recherches aériennes d'exister. Vous êtes plus de 100 à avoir fait une promesse de don.
Cette liste peut sembler impersonnelle, c'est tout le contraire. Je sais exactement ce que tous ces gens nous ont apporté, et il sera dur d'oublier que sans chacun, tout aurait été plus difficile. Un énorme merci à tous de nous avoir permis d'ouvrir des portes parfois bien vérouillées pour accéder à des administrations ou du matériel de communication. Merci, merci, et merci.
Tour de l'île sans escale
Ras le bol des tours de l'île?! C'est vrai que c'est la troisième fois en moins de deux mois que je vous fais le coup... D'abord avec LN, puis avec les filles, et voilà que je vous en remets une louche... Sans escale?! Qu'est-ce qu'il nous raconte, celui-ci?!
Donc, cette fois, c'est plus pareil!!
À l'ACHM, ça cause. Ça cause beaucoup, même. De tout : voile, moteur, grande navigation, voyage, etc. Et à chaque fois, c'est autour d'une bière ! Mais des voiliers sur l'eau, on n'en voit que trop rarement, on est malheureusement tous d'accord là dessus…
Il y a quatre jours, un des sujets récurrents est revenu sur le comptoir, en fin de soirée, peut-être même en début de nuit : le tour de l'île sans escale, soit à peu près 80 milles à tomber, à l'intérieur du lagon, en évitant la pétole qui est souvent présente la nuit, la belle houle de Sud-Ouest qui gâche les bords pour remonter la côte Ouest de l'île, et les récifs qui jalonnent le parcours, partout.
Loin de ces discussions (c'est pas que c'est inintéressant, mais sur IRMA, on préfère naviguer, au pire, on en parle après), en me réveillant un matin, je vois que, sur le corps-mort d'un des catas qui naviguent le plus sur Mayotte, il n'y a plus que le bateau. Moucata est donc parti sans son annexe, bizarre… C'est sur ce bateau que j'avais fait avec Guillaume, son skipper, deux jours dans le Nord en balade.
Vers 14h30, on apprend qu'il était ce matin sur le bassin Est, et qu'il est maintenant au Nord-Ouest de l'île. ?!? Quelqu'un fait enfin le rapprochement avec la discussion de la veille, et nous comprenons d'un coup que le Moucata est en train de nous bâtir un temps de référence pour attiser un peu le marasme ambiant !
Par texto, j'essaie de prendre deux-trois infos auprès de Guillaume, le skipper du bateau, qui est seul à bord, et commence à tirer les derniers bords de près pour rentrer au mouillage, mais, dit-il, pas avant 19h, sauf si le vent tourne… Le vent tourne, et à 16h30, il coupe la ligne d'arrivée qui sert traditionnellement au départ des régates locales. Comme il est parti à 6h30 pétantes, le calcul est vite fait, 10h pour boucler le tour de l'île, chapeau bas !!
Après cela, il vient rapidement boire une petite bière, avant de partir au tennis, «j'suis en r'tard», qu'il nous dit !
D'un seul coup, la conversation prend de la consistance, disons carrément qu'on est dans le concret, là !! Je commence donc à m'intéresser au débat, j'additionne les heures qu'il m'a fallu pour faire le tour de l'île la semaine dernière, je discute un peu du truc avec Franck, il faut faire vite, voilà quelques jours que souffle sur l'île un vent fort, qui se maintient la nuit.
À 4 nœuds de moyenne, il me faut 19h pour faire le tour, mais on doit pouvoir faire mieux, quand même. Disons 17h, par exemple. Après calcul, simulation et pose d'hypothèses multiples, je décide que nous partirons dans le week-end, pour établir un temps de référence monocoque, les 10h de Moucata à 7.2 nœuds de moyenne étant complètement inaccessibles pour mon petit monocoque de navigation hauturière.
Il faut ensuite trouver un équipage, le motiver, et trouver une heure de départ qui convienne à tout le monde. Pas évident, mais on finit par y arriver, même si c'est à peu près le pire compromis pour ce genre de navigation : départ vers 20h, le samedi soir ! Donc une nuit entière à gérer, alors que tout le monde a eu sa journée d'activité avant, deux de mes équipiers vont même grimper en haut du Choungui dans la journée. Mais c'est OK, on part là-dessus.
À 19h, nous sommes donc 5, réunis dans le cockpit, pour organiser cette navigation contraignante : deux équipes de deux, qui se relaient toutes les deux heures, et je reste hors-quart, c'est-à-dire qu'on peut me réveiller à n'importe quel moment pour quoi que ce soit, je dois rester disponible en permanence, pour aider, conseiller, remplacer, réparer, entretenir.
Après un rapide repas, nous larguons le mouillage, coupons la ligne de départ à 20h30 pétante, et partons discrètement dans le Nord, dans le sens inverse de Moucata. Celui-ci, en fin limier, nous a vu partir, et nous souhaite bonne chance, en nous conseillant de ne pas rester trop sages !
Pour suivre ses conseils, nous envoyons le deuxième génois, tangonné au vent. La barre devient un peu plus difficile, Gildas peste sur la barre à roue, le vent est fort, et à 6 nœuds, parfois plus, on avance rapidement vers le Nord-Ouest de l'île.
Chacun reste longtemps dans le cockpit, l'adrénaline est là, la Lune et la mer sont magnifiques, c'est grandiose, et on avance à fond, dans une mer quand même bien formée. Nous avons les deux génois envoyés devant, ainsi que la grand-voile, et ça dépote. C'est le maximum de surface de voilure qu'IRMA peut porter avec ce vent, c'est même trop, mais on est là pour tartiner.
Une heure après le départ, je signifie que les quarts débutent enfin. Il y en a donc deux qui vont se coucher, pendant que je reste avec le quart de service, afin de driver le barreur dans le champ de patate de la passe Longoni. On tire au plus court, hors de question de respecter le balisage. Et au changement de quart, on entend l'eau briser sur les récifs, juste à 200m…
L'équipe suivante monte donc sur le pont pour attaquer les zigzags qui vont nous permettre de remonter progressivement le vent. On tire un grand bord jusqu'à la barrière de corail, puis on vire pour retourner à ras de terre. La mer est formée, c'est une allure où le bateau gîte énormément, tape dans la houle, bref, on se bat franchement contre les éléments…
Il faut barrer avec précision, régler le bateau avec soin, ne pas serrer trop le vent, ni s'en éloigner. Bref, faut pas se planter, 30cm d'écoute bordés en trop suffisent pour planter le bateau, il dérive alors plus qu'il n'avance, et si on ne connaît pas très bien le voilier, on ne s'en rend alors pas forcément compte. Hors-quart, je n'ai que ça à faire : vérifier la bonne marche du bateau, conseiller le barreur, vérifier la navigation, estimer la bonne marche, et aider à la manœuvre. Je dois également veiller à tout, et il m'est alors impossible de dormir pendant une bonne partie de la nuit. Le bateau avance quand même bien, nous sommes toujours au dessus des 4 nœuds, et les équipes de quart se relaient toutes les deux heures, chacun faisant le job, c'est un vrai plaisir. Je reste en alerte, arrivant tout de même à trouver un peu le sommeil, bondissant toujours avant qu'on ait besoin de m'appeler, pour résoudre tel problème, faire abattre l'équipier qui serre un peu trop le vent, ou empêcher les écoutes de spi de taper contre la coque du bateau, empêchant les équipiers off de se reposer.
Au matin, nous avons bien avancé, mais nous tirons encore des bords, le vent tourne, à notre défaveur… Mon Dieu, mais c'est pas vrai, quand est-ce qu'on va se sortir de là ?! La mer est toujours bien formée, alors que nous sommes protégés de la houle de l'océan par la barrière de corail. Le vent continue de se positionner face à nous, et je préfère aller me coucher que voir ça…
Il faudra attendre Saziley, pour enfin ouvrir les voiles, et se retrouver plein travers, dans une mer blanche d'écume. Nous remontons rapidement le long de la cote Est de Mayotte, et… mais ?! tiens ?!… un voilier est mouillé à Bandrélé ! Mais ?! C'est Moucata ?! C'est pas vrai que ce chameau est venu vérifier comment on faisait le boulot !!! Le voilà qui me demande par texto où est rangé le spi !! On lui fonce directement dessus, plein travers, tangon près à recevoir le deuxième quand nous allons abattre, et voilà Guillaume qui sort de sa cabine pour venir nous tirer le portrait ! Bonne idée, ça, je n'ai pas encore eu le temps de faire des images, et j'avoue que l'ambiance à bord est plutôt à rester entre-nous. Je crois d'ailleurs que personne à bord n'a pris la moindre photo…
Au passage de Moucata, nous abattons, et envoyons le deuxième génois, pour récupérer encore un nœud de vitesse : nous avons perdu pas mal de temps à cause du vent qui refusait dans le sud, et nous voudrions atteindre notre objectif des 17h. Jusqu'au bout, nous faisons le boulot : il faut affaler le deuxième génois après l'Hajungua, on borde les voiles, on contourne la bouée de Bouzy, et hop, on renvoie vite le génois en abattant de 15 degrés. Nous rejoignons la cardinale de Dzaoudzi juste dix minutes après, j'abats avec Marc le génois au vent quand il se gonfle à contre, pendant que les autres lofent à mort pour rejoindre la ligne d'arrivée. Ça borde sec, et nous fonçons sur la ligne de départ, au près serré. Le bateau est couché sur l'eau, la ligne est là, juste devant, regarde, entre les deux bouées rouges. TOP !! 16h54min24s
Nous sommes lessivés, claqués, mais tous ravis de l'avoir fait !! Mon équipage a assuré du début à la fin, je n'ai pas tenu la barre une seule seconde ! Moucata m'envoie un petit message pour nous féliciter : il sait qu'on en a chié bien plus que lui, et que notre temps, même loin du sien, est honorable.
Nous aurons parcouru en 17h un peu plus de 80 milles, soit une moyenne de 4.7 nœuds. Il nous a fallu pas moins de 11h de près pour remonter le vent soit les deux tiers du temps, alors que ça ne représente en ligne droite que moins de la moitié du trajet… Mais ne dit-on pas : le près, deux fois le temps, trois fois la peine ?!
Il y a maintenant deux temps établis, et un règlement tacite : chaque bateau faisant le tour de l'île sans escale se fera offrir un coup par TOUS ceux qui l'ont déjà fait auparavant. Moucata me doit donc un coup, et Moucata et moi offrirons un coup au prochain bateau qui réalisera le même parcours, date de départ, nature de l'équipage et sens de rotation au choix, puisqu'on vous dit qu'on s'en fout !!
Alors nous, on vous attend !! Faut pas qu'en parler, faut y aller, c'est tout !
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Tour de l'île 2016
Chaque année a lieu le tour de l'île, petite manifestation nautique qui réunit une quinzaine de bateaux sur l'eau pendant trois jours: vive la religion et sa pléiade de jours feriés! L'année dernière, j'avais eu un super week-end avec Graziella, Audrey et Greg.
Si le parcours est réglé (escale à M'zouazia et Andréma), la difficulté reste à chaque fois d'avoir l'équipage parfait pour passer le meilleur moment possible. Ayant eu des déconvenues quelque temps avant en matière d'équipage, j'avais un peu fermé l'appel à candidats et décidé que Sandrine seule monterait à bord. Et puis… j'ai rencontré Antuya, et puis, Clément et Audrey cherchaient un voilier pour la première étape. Ça allait bien, puisque Sandrine n'était pas libre le samedi.
On se retrouve donc à quatre sur IRMA, à foncer au près, en direction du Sud, pour rejoindre M'zouazia. Antuya n'a navigué qu'une seule fois à bord, les autres jamais, chacun cherche donc ses marques !
Antuya, cette fois, décide de partager la barre avec ses petits camarades, chose qu'elle n'avait pas jugé bon de faire avec moi !
À virer de bord. Ça s'active, ça s'organise, ça se met en place. J'adore regarder ça de loin, dans mon coin, sans rien dire…
Je vous laisse juger avec la photo de droite la facilité qu'a Antuya à nous fourrer le winch avec une écoute. Ce n'est pas encore un bonnet turc, mais on en est pas bien loin…
Je profite d'un vent faible pour monter en tête de mât, régler la girouette qui indique le vent, et les secteurs de près.
On se rapproche de Saziley et de son îlot de sable blanc, toujours aussi majestueux :
Passé Saziley, on commence à se faire rattraper. Il faut dire que mon bateau ne fait pas partie des plus rapides, mais je pars souvent plus tôt que les autres, on se fait donc doubler par les mêmes dans la deuxième moitié des parcours.
C'est le multi-mono, le voilier de l'école de voile, qui ouvre le bal. On les ravitaille, les pôvres !! Et les voilà repartis, à la poursuite du soleil…
Éros et Sabot de Vénus suivent, et… se suivent. Sabot envoie le spi asy, pour se débarrasser de son poursuivant.
Un de nos kayaks se retourne, et brise son amarre. Bien sûr, nous sommes plein travers, sous spi. L'occasion de vérifier que l'équipage commence à prendre ses marques ! Il faut passer vent-arrière, veiller la barrière de corail, récupérer spi, tangon, écoutes, virer de bord, renvoyer le génois, reprendre le meilleur près, manœuvrer, et récupérer ce foutu rafiot… Turtle en profite pour nous passer, et nous renvoyons le spi pour rattraper notre retard. C'est que Sandrine nous attend depuis deux heures, et il nous faudra encore une heure de plus pour rejoindre le mouillage de M'zouazia.
Tous fatigués, nous restons à bord pour profiter au mieux de la nuit. Clément nous fait des bananes au chocolat, comme si on n'avait pas assez mangé !
Au petit matin, on peut admirer tous les bateaux au mouillage, qui sont arrivés petit à petit, dans la nuit noire d'hier.
Après avoir débarqué Audrey et Clément, après avoir re-mouillé pour aller chercher un moteur tombé par six mètres de fond dans une eau turbide au maximum, nous remontons l'ancre pour partir naviguer le long de la cote Ouest.
Pitalugue, parti un peu avant, nous attend, pour mieux nous rattraper. Volange, lui, nous colle au cul. Notre leurre de canne à pêche doit être juste sous sa quille… Il faudra envoyer un deuxième génois pour le semer définitivement.
Les filles, qui ne se sont jamais rencontrées auparavant, se trouvent tout de suite, et sont touchantes de tendresse, de gentillesse et d'écoute. Je ne me souviens pas avoir touché la barre sur cette étape.
Là, Antuya explique à Sandrine comment elle va pouvoir rattraper les autres grâce à certaines connaissances qu'elle a acquises dans le domaine de la physique quantique nautique. San écoute avec attention pour comprendre son rôle dans l'histoire !!
Et voilà Pitalugue qui continue de nous narguer… Ce bateau avance décidément du feu de Dieu !!
On arrive dans le Nord-Ouest de l'île, et ses nombreuses plages. Les filles sont en extase.
Je décide de profiter d'une mer très calme pour relâcher sur le banc Boa, situé juste à côté des îlots Choazils. Après avoir mouillé rapidement le bateau, je sors vite le matos de plongée.
Avant de quitter le voilier, Antuya, qui préfère rester à bord, m'interpelle rapidement, : «Hé!!… Le mouillage, c'est bon, t'es sûr ?! -Ben ouais, c'est bon, tu crois quoi, toi?!» Ohlala, ces nanas, comme si je ne savais pas jeter une ancre…
Je rejoins en kayak le point culminant du récif, et je me mets à l'eau, pour une plongée rapide, puisque ma bouteille n'est qu'à moitié pleine. Les photos ne sont pas extraordinaires :
Un chirurgien. Je n'avais jamais vu cette espèce :
Et je tombe sur le Nyamba, qui forme à la plongée au recycleur. Le recycleur est cette espèce de truc bizarre, tout jaune, et qui ne fait pas de bulles. On récupère l'air expiré, chargé encore à 16 % d'oxygène, et on réinjecte les gaz nécessaires pour avoir un mélange à nouveau respirable à 21% d'oxygène. On reste donc plus longtemps sous l'eau, et comme il n'y a pas de bulles, la discrétion est maximale. Il paraît que le plus angoissant serait d'entendre son cœur battre sous l'eau, puisqu'il n'y a alors plus aucun bruit !
Quand je remonte à la surface, mon kayak est un peu loin, et il me faut bien palmer 10 minutes pour le rejoindre. Je pagaie ensuite pour rejoindre IRMA. Après 3 minutes, je trouve le bateau un peu loin. Au bout de 5 minutes, je le trouve vraiment loin…
Je repense à la remarque d'Antuya : «Hé, le mouillage, t'es sur que c'est bon, hein?!». Il paraît maintenant certain que l'ancre a décroché, et qu'elle doit pendre dans le bleu, le bateau à la dérive, en route vers les îlots. À bord, soit San et Antuya sont paniquées, soit elles ne se sont rendues compte de rien. J'ai bien une idée sur la question…
Et en effet, ça roupille sec sur le bateau quand j'arrive, et de grands sourires m'accueillent : «Alors, c'était comment ?! -San, le sondeur dit quoi ? - Ben, 40m, comme quand on a mouillé, pourquoi ?! -Non, non, c'était 40 pieds, quand on a mouillé, vous êtes parties, là!!»
Je remonte donc l'ancre qui pend au bout de sa chaîne, pendant que les filles renvoient les voiles. Elles commencent à prendre l'habitude du bateau, et se débrouillent de mieux en mieux. C'est très agréable d'avoir de moins en moins de choses à expliquer, et de voir que les automatismes rentrent petit à petit !
L'aérologie est un peu particulière dans le coin, et il faut être patient pour se rapprocher de la cote. Les filles sont attentives à tout, et se laissent hypnotiser par le paysage.
On arrive en fin d'après-midi dans notre petit coin de paradis, la plage du Préfet : une grande plage, un platier magnifique, un tombant fabuleux. Le bonheur sur terre, le paradis sur l'eau, bref, le pied.
C'est déjà là que j'avais mouillé avec LN, ce qui m'avait permis de faire plusieurs très belles photos.
Une fois la bouée prise, on a tout le temps d'apprécier un bon thé à la menthe.
Et les filles partent à l'eau…
J'en profite pour monter en tête de mât. Le coucher de soleil est bien jaune, et… mais oui, c'est bien Alice, qui voile dans ce magnifique plan d'eau, minuscule point au milieu de l'eau.
Mon bateau, vu d'en haut.
Antuya, magnifique petite cocotte à l'intelligence rare. Merveille de pétillance, de subtilité et de malice.
Et on attaque la cuisine, avec un horizon qui prend feu. Au menu : feuilletés divers, cuits à la poêle, 20min de chaque côté, feu au minimum, couvercle sur l'ensemble. Une merveille…
Le lendemain, je me réveille tôt. Antuya a muté à l'aube, pour somnoler avec vue sur le paradis.
Deux pêcheurs malmènent son sommeil, en passant plusieurs fois, avant de prendre le large.
Après un petit dej. vite avalé, nous partons sous l'eau. C'est toujours magnifique…
Nous rejoignons la plage. L'occasion de quelques photos.
Les impuretés sur ces photos sont dûes au caisson sous-marin, qui reflète les rayons du soleil.
Paradis sur terre ? Antuya dit que si le paradis ne ressemble pas à ça, elle ne veut pas y aller… Difficile de ne pas être d'accord…
Une peau couleur de roche…
Des petites flaques d'eau, pleines de vie. Ses habitants devront attendre la marée haute pour retrouver une eau moins chaude et un peu de liberté. J'adore observer pendant des heures ces flaques, faites de sable, d'algues, d'araignées de mer, de minuscules crabes, de coquillages, de poissons, bref, d'un écosystème particulier. On arrive à y trouver des murènes, voire même de les surprendre à chasser pour se nourrir, c'est joli.
Le syndicat d'initiative fait bien les choses. Un magasin de chaussures est présent sur tout le haut de la plage. On peut même trouver des paires, certaines en bon état, mais il faut chercher longtemps…
On retourne à l'eau, pour rejoindre Sandrine.
Les filles décident de m'emmener en balade. C'est gentil, ça !!
Elles veulent faire le tour de l'îlot M'tsamboro, et je décide de leur laisser l'initiative des manœuvres, du bateau, bref, je veux bien tirer sur les ficelles, mais à condition qu'on me dise lesquelles !
Il leur faut donc faire un peu de lecture de paysage. C'est Sandrine qui s'y colle, avec talent ! Moi, je ravitaille en boisson, parce que les cartes, aujourd'hui, je les tiens à l'envers !
Vous lisez l'inquiétude qu'il y a dans ces regards ?!
L'îlot Mtsamboro, depuis le nord.
En sortant du lagon, la mer est formée, mais ça n'a pas l'air de déranger l'équipage. On fonce dans la piaule, IRMA fait le boulot, les filles aussi, même si quelques décisions sont prises un peu tard, et si je dois parfois intervenir. Par exemple à 50m du platier, alors que personne n'envisageait une seconde de virer. On contourne le long platier de la face Ouest de l'îlot, puis on abat en grand pour rejoindre les Choazils.
Après avoir mouillé quelques dizaines de minutes pour permettre à San d'aller voir les fonds, on repart à notre paradisiaque plage du préfet, notre chez nous !
On longe la plus grande île Choazil, avant de se faire coincer dans la pétole. Je prends la barre, et les filles se reposent. Après une heure, le vent reprend, et on peut à nouveau faire un cap direct sur la plage.
Il faudra tout de même finir avec 5 minutes de pagaie à l'arrière du bateau…
Les filles pètent le feu (mais où trouvent-elles autant d'énergie), et proposent de faire des galettes de blé noir pour le repas. Le meilleur équipage que que j'ai pu avoir. Elles sont formidables.
Je vous épargne les deux heures de dialogue entre mes deux pépettes pour déterminer la meilleure façon de faire la galette parfaite : Et que je te sépare l'œuf, le blanc dedans, le jaune dessus, regarde, moi, je préfère mettre le fromage comme ça, mais attends, regarde, essaie avec des sardines écrasées, c'est excellent, mais non, regarde, moi, le beurre, je le mets pas dessus, ça permet de dorer la galette avant de la servir, ah oui, tu as raison, une louche un quart, c'est l'épaisseur parfaite, je n'aurais jamais pensé, bravo… Bref, une cacophonie des plus farfelues entre une mahoro-franco-normando-je-sais-pas-trop-quoi et une rennaise, qui, à la fin du repas, ont fini toutes les deux par m'avouer que c'était la première fois qu'elles faisaient cuire la galette même, à partir de la pâte !!
Et comme je suis gentil, j'ai fait les galettes pour le dessert. Chez moi, on dit crèpes, et on fout du lait et des œufs dans la pâte, mais quand j'ai parlé de ça, les filles ont hurlé de concert !! Ok, ça va, j'ai rien dit…Rhhôôôô…
Le lendemain, à 7h pétantes, Antuya étarque la grand-voile, Sandrine met le foc à contre, je largue la bouée, et nous nous éloignons pendant que le soleil prend un peu de hauteur sur la situation, et que je cuis les dernières galettes. On s'éloigne doucement au grand-largue, pendant qu'Antuya nous place sur la carte grâce à des relèvements. Elle donne alors les caps à suivre à Sandrine, puis finit par identifier la latérale qui va nous permettre d'éviter le récif Chaloupe, au Nord d'Andréma. On serre alors le vent, pendant qu'il se lève. Antuya est à la barre, très calme, surveillée par la Grande Prêtresse dans sa robe d'apparat.
Après avoir assisté à la chasse au kwassa par la douane dans la baie d'Andréma, on vire de bord, pour affronter les éléments, et rejoindre Petite Terre. Il y a 25 nœuds de vent, et on rentre enfin dans le vif du sujet, avec un cap pas dégueu du tout.
La mer se creuse, et on commence à patauger. Dans un bon coup de gite, Antuya se fait une petit frayeur : «On va pas coucher le bateau, quand même ?!», demande-t-elle calmement avant de reprendre son cap… Bon, d'accord, il faut réduire la voilure, les passavants sont dans la flotte: «Hééééé, Adrien, ça mouille, c'est normal?», demande toujours Antuya…
On tire ensuite un petit bord qui nous ramène près de la terre, dans une mer plate, mais un vent fort toujours bien présent. C'est alors un plaisir de barrer, bateau gîté à 35°, mais qui ne force absolument pas. Bon, c'est sûr, si on prenait un ris dans la grand-voile, on pourrait border un peu plus, mais la bôme est déjà bien dans l'axe, je laisse comme ça.
Mitterand grossit rapidement devant nous, il y a encore un petit contre-bord à tirer pour bien parer tous les obstacles, puis nous rejoignons rapidement le mouillage, pour voir que ma bouée de coffre se trouve… sur le pont d'un bateau voisin !
Après un premier passage pour repérer les lieux, un petit bord de cape pour réfléchir, on remonte au près jusqu'au quai de la barge, et v'lan, on retourne dans le mouillage. L'ancre est à poste, les consignes ont été distribuées à tous, chacun sait donc ce qu'il a à faire, il n'y aura pas besoin de gueuler.
On abat en grand, on esquive chaque étrave, lofe, lofe, lofe encore, le foc est progressivement enroulé pour casser l'aire, Antuya lofe encore, et quand le bateau est à l'arrêt, je mouille trente mètres de chaîne. Le temps de faire cela, de me retourner, les filles ont déjà tombé la grand-voile, rangé les prises de ris, et plié la voile dans le lazy-bag !
San m'aide à mettre en place la chaussette de génois, c'est juste 4 minutes de travail à deux, et j'entends Antuya crier : «La table!» Oui bah ça va, y a déjà tout le cockpit à ranger, on mettra la table après, y a pas le feu. Non, c'est bien «À table», que disait Antuya : elle avait déjà plié chaque cordage, décalé la manille d'écoute de GV, et installé la table qui est pourtant longue à mettre en place. Et quand j'arrive dans le cockpit, la cocotte-minute est déjà sur la table, les verres, couverts et les assiettes aussi…
L'équipage parfait, capable de prendre totalement en main un bateau en trois jours, c'est possible ?!
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Sortie sur l'eau et… sous l'eau
IRMA continue de sortir régulièrement, baladant les amis sur le lagon. C'est au tour d'Elsa et Élodie, cette fois. Cette dernière est revenue en vacances à Mayotte, et nous nous retrouvons avec plaisir. La Mangue Bleue est également de sortie. Objectif : tester les prises de ris de la voile épaisse, et essayer de manier l'aile rigide sans le canard, pour comprendre un peu mieux ce qu'il se passe quand elle prend le vent, puisqu'on a énormément de mal à la faire fonctionner avec le canard. L'ensemble se met à osciller d'une quinzaine de degrés autour de la bonne incidence, ce qui ne doit pas être l'idéal pour l'aérodynamisme, et donc pour la propulsion…
Après, nous dévions de notre route pour rejoindre l'îlot Mitterand, situé au Nord du mouillage de Petite Terre. Mise à l'eau rapide, pour profiter de la beauté de son tombant Ouest.
Hélas, les anémones sont aussi blanches que dans le Nord… Ce blanchissement est dû à la présence d'une eau très chaude qui abime corail ou anémone… El Niño pète le feu cette année, le dernier blanchissement date des années 2000.
Des juvéniles de platax:
Et un câblier, installé au mouillage. Celui-ci installerait la fibre optique entre Les Comores et Mayotte. Mais, allez-vous me dire, comment Mayotte peut-elle alimenter les Comores en fibre, alors que je pédale tous les jours pour vous envoyer 4 photos via ce blog ?! La fibre vient en fait d'Afrique, et ce sont bien les Comores qui alimentent Mayotte, et non le contraire !
Quelques jours avant, c'est Antuya qui accepte de monter sur IRMA. Après un stage à l'école de voile de l'ACHM, celle-ci s'intéresse de plus en plus au monde de la mer, et nous hissons les voiles pour une sortie à la journée.
Le vent est bien établi, et nous rejoignons la patate de Bouzy. Hélas, la bouée s'est détachée, et il est interdit de mouiller dans cette petite réserve mi-terrienne, mi-maritime. Nous tirons donc quelques bords supplémentaires pour rejoindre les Hajungua. Toutes les bouées sont prises, mais nous lançons une aussière à l'arrière d'un joli ketch, qui nous amarre rapidement. Et vlan, à la flotte, maintenant !
Nous repartons sous spi, et Antuya à la barre…
… qui surveille la mer, le vent, le spi, et son bronzage.
Comme nous arrivons trop tôt, nous continuons vers Mitterand, avant de tomber le spi et de reprendre le près pour rentrer au mouillage.
Alors c'est décidé, Antuya, on se retrouve la semaine prochaine pour le tour de l'île ?!
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Tour de l'île en une semaine
Besoin de vacances, de prendre l'air, et d'aller voir là-bas si j'y suis. LN est là, un tour de l'île est donc organisé, malgré une météo agitée qui nous offrira peu de possibilités de mouillage. Nous partons donc dans le Nord, en direction d'Andréma.
Mais un fort vent établi au Sud-Est nous empêche de mouiller dans cette grande baie. Après une petite rallonge de la route, nous mouillons devant une magnifique plage paradisiaque…
Un rapide tour sous l'eau me prouve que c'est beau aussi dessous :
Acantasther et juvénile de poisson empereur:
Je me rends ensuite en direction de la plage. Des herbiers épars laissent place à de grosses bêtes!
Et d'ici aussi, c'est pas mal…
Mais retour au bateau : LN a du mal à se servir de la poinçonneuse, et je l'ai mise au boulot pour réparer le génois, qui a un peu morflé pour nous amener jusqu'ici.
Le lendemain, on fonce sur les choazils, magnifiques îlots du nord situés juste en face de la plage du préfet.
Le troisième îlot des choazils. Le plus gros, le moins connu :
Du haut du plus petit des îlots, j'arrive à faire un joli panoramique, avec le bateau en plein milieu :
Je redescends, pour retrouver LN, qui a trouvé un moyen de profiter de la vue autant au-dessus qu'en dessous de l'eau…
Je remets l'appareil dans le caisson étanche, pour aller vérifier tout ça :
Il y a plein d'anémones, bien belles, bien blanches. Hélas, j'apprendrai quelques jours après qu'il s'agit d'une décoloration dûe à une eau trop chaude, qui tue également le corail…
De jolis chirurgiens:
Et un tout petit mérou!
J'ai rarement vu autant d'anémones :
Une mauvaise houle nous chasse, et nous retournons à la plage du préfet…
Un joli platax juvénile essaie lui aussi de nous chasser de la bouée de mouillage ! Et voilà de belles rascasses volantes.
Et cette patate :
Une petite langouste. Vue sa taille, elle ne craint pas grand chose…
Je profite de ce joli tombant, qui n'en finit plus de… tomber, pour chausser ma bouteille de plongée, et descendre un peu plus profond. De magnifiques gorgones sont au rendez-vous :
À la tombée du jour, je me mets en chasse pour le repas du soir :
Si les calmars sont magnifiques sous l'eau, ils sont également… délicieux dans l'assiette !! Vu la quantité de ces bestioles que j'ai pu voir en quatre jours, je ne pense pas que ce petit prélèvement nuise énormément à la survie de l'espèce ! En effet, sur la photo de droite, c'est une petite centaine de minuscules calmars, qui restera là 2 ou 3 jours, juste sous le bateau. Et en plongée, j'ai pu voir un banc de 8 bestioles de jolie taille!
Et le lendemain, hop, un autre… Celui-ci est immense. Et ce qui est génial avec le calmar, c'est que tout se mange : la peau, les ailes, bras, tête, on peut même faire le riz à l'encre. Bref, on enlève les entrailles, la plume et les yeux, on garde le reste.
Comme dit plus haut, on fait le riz à l'encre. On tranche ensuite le calmar en frites.
Et on cuit le tout avec amour, pendant 10 bonnes minutes, avant de servir à l'assiette, avec des achards d'agrumes. Sur les ailes, c'est du curcuma séché en pétale, qu'un client m'a donné.
On traîne, on traîne, et si ça continue, on va finir par prendre racine… Nous partons donc tôt un matin, pour rejoindre la baie d'Hagnoudrou, dans le sud de l'île.
On passe devant la ville de Sada :
Bon, voici une carte, pour mieux comprendre :
La navigation n'est pas de tout repos, mais à la nuit tombante, on rejoint le mouillage, où je retrouve mon copain Marc.
Le lendemain, pas le temps de se reposer! À peine réveillés, nous remontons déjà l'ancre, et renvoyons les voiles pour rejoindre le petit îlot Karaoni, situé au fond de la baie de Bouéni, à une demie-heure du mouillage.
Marc arrive juste derrière nous.
Chacun vaque ensuite à ses occupations préférées…
J'en profite pour faire également quelques photos. A priori, il n'y a pas que moi !
Le lendemain, c'est repos. Chacun s'occupe ! LN sur son kayak, moi en visite de chantier !
Mais il faut déjà rentrer… Le vent était annoncé fort pour cette dernière navigation, mais Allah a apaisé un peu Neptune, et nous avons le temps idéal pour tirer nos bords, et faire les virements à ras de la barrière de corail. Et hop, un peu d'occupation, sous la forme d'un magnifique thazard de 80cm :
Nous longeons ensuite le Sud de Mayotte, et n'attendons pas de passer Saziley pour envoyer le spi.
Nous remontons ensuite jusqu'en Petite Terre, avec le vent qui nous pousse au cul. Une énorme houle de Nord-Est se brise sur la barrière de corail, et c'est vraiment impressionnant de voir ces magnifiques rouleaux. Quand nous passons en face des passes, nombreuses à cet endroit, la houle rentre dans le lagon, nous roule un peu, puis va ensuite briser dans une écume blanche contre les différents îlots intérieurs. C'est un spectacle magnifique.
À la tombée de la nuit, nous passons Bouzy.
Quand on arrive près de Petite Terre, le vent faiblit. Il faut donc garder le spi jusqu'au bout, et empanner pour passer la cardinale. De nuit, à deux, au milieu des barges, près des îlots… M'ouais, ça sent la connerie, cette histoire ! Mais pas du tout : l'équipage est affuté, les termes nautiques commencent à rentrer, et ça se fait tout seul : «Rends du bras ! … Encore ! ……OK, reprends, maintenant !…… L'écoute, rends de l'écoute ! …… Reprends ! … OK, passe la GV, maintenant.»
Et il n'y a plus qu'à modifier le cap, brasser le tangon, et foncer plein travers vers le mouillage. Les barges sont restées à distance, comme les îlots…
On affale ensuite le spi, on borde plat, et on rejoint le mouillage. La prise de corps-mort est facilitée par une super bouée/perche que nous avons fabriquée avec Franck, et 5 minutes après l'arrêt, le bateau est déjà rangé !
Prêt à repartir pour une nouvelle balade, avec un nouvel équipage…
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