Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Et partout… La mer!
15 mars 2015

Mât Mangue Bleue: Premier collage!!

Nous continuons nos essais de vide pour la réalisation des mâts du bateau de Franck… Nous avions trouvé la plupart des techniques à mettre au point sur le moule pour tirer le vide, il nous restait à tout mettre en place en grandeur réelle. Je reviens donc de Grande Terre avec une belle bâche noire, ce qui plaît beaucoup à Franck. En effet, la résine est encore plus résistante si elle est cuite et, avec le soleil de nos tropiques, la couleur noire suffit à obtenir 70°C, ce qui est déjà pas mal. Je découpe la bâche comme il faut pendant que Franck nous fabrique de belles petites oreilles pour tenir le plastique sur les côtés du moule.

P3061784P3061787

On amène ensuite la bâche, qu'on colle aux extrémités (photo de gauche), de chaque côté du moule, à la colle contact (celle de droite), puis à l'acrylique, par dessous, pour une étanchéité parfaite. Quelques morceaux de scotch tiennent le tout.

P3061792P3071805

 

P3071807P3071809P3071818

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On fixe ensuite des planches pour fermer chaque extrémité, après avoir fait passer le tuyau et il ne reste maintenant qu'à fermer les deux plastiques l'un contre l'autre. Et là…, c'est le drame… Le plastique est trop fin, et notre système de tube qui coiffe un autre tube troue la bâche sur toute la longueur. Après une dizaine d'autres essais, il faut se rendre à l'évidence, ça ne va pas.

 

P3091831Je me rends donc en Grande Terre, chez des amis qui ont de la bâche de serre, très épaisse, mais aussi, surprise, des systèmes de fixation qui, eux, ne percent pas la bâche de serre, mais qui n’abîment pas non plus notre petit plastique fin toujours en place sur le moule ! On fout donc la bâche de serre à la poubelle, et on ne garde que ces petites fixations pour fermer notre vieux système mais, encore une fois, pour aussi faire circuler l'air qui tirera le vide. On fait donc des petits trous dans le tube de la fixation et on raccorde les différentes longueurs de 4 mètres avec un petit morceau de tuyau. Comme la bâche à tendance à se coller aux trous du tuyau et à les boucher, on colle des tissus sur les trous. Ils serviront de drains pour laisser l'air circuler du collage aux trous du tuyau.

P3091834P3091839

P3091842On met tout en place et on tire le vide : ça marche, mais pas saffisamment… Après une demi-journée de chasse aux trous, encore une fois, c'est l'échec… Dans ce genre de cas, avec Franck, on réfléchit chacun de notre côté et on lance ensuite les idées. On arrive toujours rapidement à un compromis, même si les avis divergent : Les trous viennent des raccords entre le plastique et le moule; on doit donc démonter la bâche noire, qu'il nous a fallu 4 jours pour mettre en place…

P3091847

 

 

 

 

 

 

 


Puis on ressort la bâche épaisse de serre de la poubelle mais cette fois, on glissera carrément le moule dans le plastique : on supprime alors le raccord le plus compliqué (le collage entre le moule et le plastique). Le moule sera moins bien contraint, le mât sera donc moins droit, mais c'est mieux qu'un mât mal collé. On passe ensuite cinq heures pour nettoyer correctement la bâche et chasser les trous qui la parsèment (photo de gauche). On met ensuite le moule sur la bâche que l'on ferme encore avec nos petits raccords en plastique blanc.

P3111852P3111853

P3111859Puis, pour la quatrième fois de la semaine, on tire le vide : ça marche enfin ! On voit bien, derrière Franck, l'aiguille de la balance qui monte déjà à 500g, signe d'un bon vide. La bâche plaque parfaitement le moule et, dernier signe qui ne trompe pas, Franck sourit enfin ! Dans notre enthousiasme, on s'attaque à couper les 133m de tissu de verre ! Il y a différents grammages, toutes les longueurs sont différentes, on pèse ensuite le tout : 11.4kg, pour 12.9kg prévu, pas mal ! Il restera à garder la même marge de manœuvre pour le reste de la réalisation…

P3111856

P3131884

 



Lendemain, jour J : On fait un demi-mât ! Le ciel est radieux, pas une goutte de pluie n'est prévue, la réunion de chantier se fait sur Turtle, devant un bon café. Chloé et Guillaume nous rejoignent, puis Pierre et Martin, l'équipe est complète. On sort les armes : Cire, rouleaux de bandes de tissu, balance, bidons d'époxy, l'IMPREGNATOR et ses options, un mélangeur à peinture, pinceaux, gants de chir, etc. Une équipe commence par cirer et lustrer le mât pour faciliter le futur démoulage. Pendant ce temps, mon équipe prépare le labo pour le mélange, et met en place l'IMPREGNATOR qui, comme son nom l'indique, sert à l'imprégnation des tissus.

 

 

P3131890P3131888
P3131887

 

Pour ceux qui ne connaissent pas, je rappelle le fonctionnement d'une stratification. C'est simple : sur les bobines, sont enroulés les 133 mètres de tissu dont nous avons besoin pour faire le mât, en 14 bandes différentes. Certaines font toute la longueur du mât, mais rapidement, elles diminuent en longueur, puisque les efforts sur le mât sont de plus en plus faibles à mesure qu'on monte. Les efforts sont donc maximaux à ras du pont. C'est pour ça que chaque tissu part du bas, et s'arrête à une hauteur qui varie. Les premiers tissus font 12m50 de long, les plus petits ne font que 3m. Le plan complet de strat est disponible en bas de la page de préparation. C'est l'ensemble de ces tissus qui est enroulé sur les trois bobines que voilà. Une fois imprégnée, on déroule chaque longueur de tissu dans le mât, bien à sa place. Quand chaque bande est posée, on ferme le moule, on tire le vide, et on attend que la résine prenne. On pense avoir à peu près 3 heures de temps avant que la résine commence à prendre.

P3131895Franck nous donne le signal et on attaque : Guillaume prépare le premier mélange et note scrupuleusement les quantités de résine. Après un rapide coup de mélangeur à peinture, on attaque l'imprégnation des tissus : ça marche au poil, et dès la troisième bande de tissu, Franck estime que l'imprégnation est bonne : il faut qu'il y ait suffisamment de résine, mais pas trop, pour ne pas alourdir inutilement le mât. De plus, trop de résine nuit à la tenue mécanique… Le calcul de Franck prévoit que l'on commence à être limite au-delà de 13kg de résine, soit environ 50 % du poids total. Moins, c'est mieux…

P3131896


 

 

P3131904L'IMPREGNATOR est une machine suffisamment incroyable pour que je m'arrête un peu sur son fonctionnement:  Elle est composée de deux supports verticaux qui permettent à deux rouleaux de tourner : Un premier, sur lequel on empale la bobine qui sert à recueillir le tissu imprégné et un deuxième, un simple manche à balai, qui presse le tissu sur la bobine. C'est ce qui permet au surplus de résine d'être enlevé. C'est un simple élastique qui gère la tension. En bas, à droite de l'image, on voit son cheminement  qui permet au manche à balai de serrer la bobine, mais qui empêche aussi la bobine de partir vers le haut. Avec ma main droite, j'actionne une manivelle qui fait tourner la grosse bobine, et avec l'autre main, je verse la résine entre les deux bobines. Pierre lui, guide le tissu pour qu'il s'enroule bien sur lui-même une fois imprégné. Le bac en dessous sert à récupérer le peu de résine qui tombe. Une fois la longueur entièrement imprégnée, on enlève la bobine de son axe, Chloé la récupère et on attaque l'imprégnation de la bande suivante, grâce à une deuxième bobine. Après, on récupère la première bobine, et hop, c'est reparti pour un tour ! Nicolas vient mettre son grain de sel, et se débrouille pour apparaître sur les photos, pour bien dire : «Le mât de Franck ?!, j'y étais ! Sans moi, y z'étaient pas près d'y arriver, les minots…»

P3131898P3131899

P3131910Pendant ce temps, Frank, Martin et Chloé déroulent les tissus dans le moule, et les disposent à la perfection : c'est qu'il ne faut pas de plis, pas de sur-épaisseur, bref, faut qu'ça biche, l'affaire.

P3131905

Au tissu numéro 7, qui fait encore 8m de long, on sent que la résine pourrait commencer à prendre, alors qu'on est loin d'avoir fini, et le soleil tape à mort, accélérant encore la prise de la résine… Franck réquisitionne les parasols du club : à mon avis, c'est une excuse pour travailler tranquilou à l'ombre ! Nous, on accélère le mouvement : Chauffe, Marcel !

P3131912Deux heures et demi après le début du boulot, tous les tissus sont enfin posés ! Ouf ! Mais il ne faut pas s'arrêter, puisqu'il faut encore fermer la bâche, tirer le vide, puis faire la chasse aux trous. Pendant que Chloé finit de bien positionner les tissus, on attaque tout de suite la fermeture : on assemble les raccords, on y dispose les deux côtés de la bâche qu'on ferme ensuite avec le cache qui va bien.

P3131918

 

 

 

 

 

 

 

 Je chasse le gros de l'air dans le moule et on progresse ainsi : en moins de 5 minutes, c'est fermé sur toute la longueur, et on chiade bien les extrémités avec l'acrylique.

P3131931P3131933

J'envoie la pompe à vide, et on attend patiemment que l'air disparaisse… Quand les plis commencent à se former, on contrôle que les tissus ne rebiquent pas sur le haut du moule, puis on vérifie bien qu'il ne reste aucune bulle, que le plastique plaque bien partout : Franck sourit, c'est que tout va bien, j'vous dis !

P3131937P3131940

P3131945Devant un verre, l'heure est maintenant au débriefing : chaque équipe explique ce qui a marché, ce qui a merdé : c'est qu'il reste encore trois demi-mâts à faire, alors autant cogiter pour que ça aille au mieux. Pour chacun, malgré quelques tensions liées à l'inconnu (surtout moi, d'ailleurs…), les choses ont plutôt bien fonctionné. Franck a aussi envie de savoir si on a pu tenir la quantité de résine prévue c'est-à-dire, je vous le rappelle, dans les 13kg. Et là, grosse surprise, après trois vérifications, c'est bien ça, il n'y a que 5,334 kg de résine qui ont été utilisées ! Après un rapide calcul, le taux de résine tombe donc à 31.9 % du total, contre 50 % prévus, et le poids de chaque demi-mât, prévu de 26.8kg, tombe à 16.8kg, soit moins de 34kg par mât, sans compter les quelques kilos qui seront nécessaires pour assembler les deux demi-coques ! Franck jubile, même s'il se rend compte plus tard qu'il faudrait renforcer un peu les mâts, le poids actuel le permet amplement !

Après 4 heures en plein soleil, nous rajoutons sur la bâche un plastique noir, pour faire monter le collage en température. Deux heures après, on arrête la pompe, et avant la tombée de la nuit, on ouvre la bâche : Les tissus sont suffisamment proches les uns des autres, il n'y a pas de bulles et le plastique s'est enlevé sans difficulté : toujours pas d'os pour le moment. Le feutre qui servait à drainer l'air entre les tissus et le tube qui tirait le vide est coincé à la surface de la stratification, mais c'est une chose que nous avions prévue : il suffira de retailler de nouvelles bandes pour les collages suivants, et ceux-là, ben… ils resteront, ou nous les poncerons s'ils gênent.

Le lendemain, nous démoulons le mât : normalement, l'époxy ne colle  pas au plastique car on a bien ciré le moule mais bon, quand même, ça ne vient pas non plus tout seul… On utilise une lame de scie à métaux pour passer entre le mât et le moule mais surtout, on profite que le mât est bien en place dans son moule pour poncer le surplus de tissu sur les côtés. Franck fait un premier passage à la scie à métaux, et je passe derrière avec une rape. Il faut revenir à fleur du moule, mais sans l'attaquer!!

P3141949P3141955

P3141964Une fois ce travail réalisé, on l'enlève du moule pour de vrai! Le truc se tord comme une vieille nouille toute molle! C'est normal, il ne sera rigide qu'une fois assemblé avec son petit frère. On le stocke, et on remet la bache en état pour le prochain demi-mât… Comme on a pas mal secoué l'ensemble en grattant la résine pour détourer le premier collage, il y a quelques trous dans la bâche. On décide donc de la reprendre entièrement et même, de la rallonger un poil. La pompe à vide nous fait une petite frayeur, mais après l'avoir démontée et avoir balancé une bonne dose de WD40 dans les raccords, elle se décide à repartir… Ouf!! On fait un nouvel essai de vide, ça marche à la perfection…

On coupe ensuite la deuxième série de tissus, et le lendemain, avec une nouvelle équipe, on attaque le deuxième demi-mât. Je pensais être plus serein pour celui-ci, mais le changement d'équipe me fait à nouveau faire des cheveux blancs! Au final, on prend quasiment une heure de moins pour faire cette stratification, et on gagne 500g de résine, ce qui amène le ratio à 29.8%, contre 31.9% pour le premier et les demi-coques à 32 kg 862! D'aucuns se demandent déjà ce que l'on va bien pouvoir faire avec deux demi-mâts, mais nous, on a bien une idée!

P3171976P3111873

 

 

 

 

 

 

 

Pendant ce temps, d'autres s'occupent de renflouer les coques que la barge à coulées hier…

P3091824

Intégralité des articles sur la Mangue Bleue, le voilier de Francky  

Page d'archive des travaux de rénovation du voilier     
Intégralité des messages du blog      
Intégralité des messages sur les photos sous-marines      
Intégralité des messages concernant la fabrication du dinghy     
    

 

 

Sauf mention contraires, toutes les photos du site sont sous Licence libre Copyleft CC-BY-SA, une licence Creative Commons
Vous êtes libre:
     -de partager, de distribuer et transmettre cette œuvre.
     -d'adapter, de modifier cette œuvre
Sous les conditions suivantes:
     -Paternité: Vous devez citer le nom de l'auteur original (Adrien RONDEL)
     -Partage à l'identique: Si vous modifiez, transformez, ou vous basez sur cette œuvre, vous devez distribuer l'œuvre résultante sous la même licence ou une licence similaire à celle-ci.

Pour plus de renseignement: Licence Creative Commons

Publicité
Publicité
Commentaires
Et partout… La mer!
Publicité
Archives
Pages
Visiteurs
Depuis la création 134 703
Publicité