Voile épaisse: Mise en place
Les voiles sont enfin arrivées de chez notre fournisseur chinois ! Alors que la nuit est bien tombée, notre impatience nous fait quand même ouvrir les colis, «pour voir» !
Le lendemain, après avoir rapidement classé les chantiers en cours, nous attaquons le boulot.
Je rappelle le fonctionnement de cette voile, pour ceux qui n'ont pas suivi: Nous avons fabriqué une série de wishbones, qui ont la particularité de se déformer, grâce à des articulations, et des glissières en bord de fuite. Il y a 7 wishbones, et le dernier fait office de têtière, pour hisser la voile. Sur ces wishbones, nous tendons une voile de chaque côté, ce qui l'a rend épaisse. Chaque voile part du nez, sur le bord d'attaque, et finit sur les glissières, en bord de fuite.
Il faut donc d'abord trouver une solution pour que les deux extrémités des voiles se rejoignent au mieux sur le nez. Franck teste une série de profils, dans lesquels nous passons la ralingue de chaque voile. Après quelques tâtonnements, nous trouvons le profil parfait, simple à fabriquer et efficace : un trou tout bête, ouvert par une fente.
Il est recopié par Franck sur chaque nez, pendant que je glisse le premier wishbone à son emplacement, sur chaque voile.
On replie ensuite les voiles de chaque côté du wishbone et, sur l'arrière de celui-ci, on étarque le tissu. Je vous rappelle que la glissière grise sert à ce que les lattes coulissent entre elles sur l'arrière. On étarque donc chaque voile sur une partie différente de la glissière. Comme il y a une différence de hauteur entre les deux accroches, on a prévu deux trous sur chaque voile. on utilise celui-du haut sur un côté, et l'autre en face.
Il faut ensuite refermer les fourreaux sur les lattes, et on obtient le profil exact des wishbones. Pour bien tenir le bord d'attaque, un petit laçage de chaque côté du nez est effectué.
Le soir, on organise une petite fête sur IRMA, pour réunir tout le monde. Pierre nous a fait des petits toasts, cuits au décapeur thermique !! Il envisage déjà d'écrire un bouquin sur l'usage culinaire de cet outil de chantier !
On ré-attaque dès le lendemain: Le profil pour réunir les nez des voiles est réutilisé pour faire de toutes petites pièces que nous intercalons entre deux hauteurs de lattes, pour mieux tenir le profil à son entrée.
En une journée de boulot, toute la voilure est installée sur les wishbones:
Et, après avoir chiadé avec un peu plus de soin la première et la dernière latte (la têtière), nous chargeons l'ensemble du bordel sur Moucata qui nous le transporte sur la Mangue Bleue.
Le soir, avec Franck, nous sommes encore tout surpris que tout ait roulé aussi facilement : Nous n'avons rencontré aucun problème, alors qu'au moment où nous avons commandé les voiles, nous ignorions encore comment nous allions résoudre bien des détails !
Le lendemain, je rejoins Franck sur son bateau, et après un café, on s'affaire rapidement à déballer le colis!
Nous emportons l'ensemble sur l'avant du bateau et, après avoir séparé chaque paire de lattes, nous glissons le mât au milieu de la voile. Ça se fait assez bien, malgré le foutoir.
Pierre vient nous aider, et nous nous attaquons à refermer la voilure sur le mât : pendant que je m'occupe des leviers, Pierre fixe les écarteurs et Franck boulonne les glissières entre elles.
Pour passer la petite ficelle entre la latte et le fourreau, il faut bricoler une aiguille. Et plus on assemble les lattes, plus on semble petit dans l'épaisseur et la hauteur de la voile. À la fin, Pierre dépasse à peine! La voile se range toute seule au fur et à mesure; les choses prennent gentiment leur place…
On finit avec la têtière, et son petit laçage très sexy…
On se rend ensuite compte que le messager de la drisse à quitté la gorge de la poulie…
Il faut donc que quelqu'un monte en haut du mât… et je perds à la courte-paille… Je passe rapidement la drisse dans la poulie, et redescends fissa : c'est haut, ce bordel…
Avant de hisser, reste encore un petit travail à effectuer sur les leviers. On monte donc un peu l'ensemble, et je me glisse dans l'épaisseur de la voile.
Franck œuvre à l'extérieur, pendant que je l'aide depuis l'intérieur de la voile…
Il faut refaire le travail pour chaque wishbone, et, comme ils deviennent de moins en moins larges, j'ai de plus en plus de mal à trouver un peu de place pour travailler…
Mais ça finit par le faire:
On peut enfin hisser mais, à mi-hauteur, ça coince… La poulie se place mal et il faut remonter en tête de mât pour la fixer. Je m'y colle, mais une fois en haut, le mât se met à osciller : La souplesse du mât est énorme, mais je ne suis pas rassuré du tout… Franck m'assure que le mât ne peut pas casser mais, une fois redescendu, il m'avouera surtout que c'était tellement impressionnant de me voir me balancer là-haut, qu'il n'osait même plus regarder… Pierre confirme que pendant que je me demandais : «Et si ça casse…», lui pensait : «quand ça va casser…» Les calculs de Francky ne doivent pas être si mauvais que ça, puisque ça a tenu : seulement deux épaisseurs d'UD et une de bi-biais en tête de mât, tout de même…
On hisse à nouveau : c'est mieux, mais c'est toujours dur. On cherche où ça coince pendant une heure : La têtière ?! -Non elle n'est pas en travers… -Les leviers ? Ils ne touchent même pas ! -Les ficelles qui empêchent qu'ils se tordent ? Trop souple…
Mais alors, quoi ?! Et je finis par proposer : C'est pas possible que ça soit juste super lourd, notre bordel ? Franck me regarde, interloqué, par dessus ses lunettes. Quand il a cette mimique, c'est souvent qu'on n'est pas loin de la vérité ! Et effectivement, c'est lourd ! Quand on aura donc reçu la commande de cordages que l'on attend avec impatience, il faudra penser à un palan à trois brins pour hisser le bordel, si on ne veut pas s'arracher les mains.
On finit néanmoins par y arriver.
La vue de la voile depuis l'intérieur me ravit : Voir toutes ces formes géométriques se répéter sur toutes ces hauteurs est d'une beauté incroyable.
La vue des wishbones qui se déforment en fonction du côté où la voile prend le vent est la promesse que tous nos efforts vont se solder par une réussite sur ce gréement.
La voile est tellement solide qu'on peut aisément «monter» dedans, un peu comme sur une échelle.
Les wishbones sont espacés d'1m50, ce n'est donc pas évident non plus.
Je prends ensuite le dinghy pour prendre un peu de recul. Et là, surprise !: ce que nous voyions énorme sur le bateau paraît maintenant tout petit !
Pour un voilier de 12m, la voile ne fait en effet que 9m de haut pour 4m20 de largeur max, mais n'oublions pas que le voilier ne fait que 2,2 tonnes, que la voile fait tout de même 37m², et qu'une autre viendra bientôt sur la deuxième coque !
Avant les premiers essais, une petite liste de choses à faire :
-recevoir la commande de cordages
-relier les deux safrans entre eux
-mettre en place les dérives
-installer l'accastillage : deux hale-bas, une drisse, un lazy-jack, une écoute et une patte d'oie pour l'écoute
Nous avons une semaine pour faire tout ça ! On ne faiblira pas dans la dernière ligne droite !!
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