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Et partout… La mer!
14 décembre 2015

Aile rigide: Finition et grutage!!

À peine de retour de notre chantier dans le Sud, nous listons rapidement tout ce qu'il reste à faire pour pouvoir enfin mettre en place l'aile sur l'autre coque du bateau de Franck. La liste n'est pas très longue et une grande semaine sans vent est annoncée, condition sine qua non pour le matage. Un grutage de bateaux est prévu à l'ACHM, et nous décidons de faire un essai avec ce moyen. S'il y a trop de vent ou si les choses se passent mal, nous le ferons à notre façon, en mettant un bateau à couple, comme nous l'avions fait pour mettre en place le premier mât.

Ravis de nous rendre compte que les choses vont aller vite, nous attaquons le boulot. Le plus important est de préparer le bateau pour qu'il puisse recevoir l'aile : En plus de percer le pont, nous fabriquons une bague qui fera la liaison entre le mât et le pont.

Comme le pont est à dévers, nous décidons de faire une pièce en escalier, avec le moins de matière possible. Je dessine une petite épure qui montre le biais maximum du pont ainsi que la largeur totale de la bague puis, la vue est rabattue, pour avoir en plan la taille de chaque pièce que je découpe dans la foulée.

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En traçant deux lignes de référence sur l'épure, qu'on rembarre ensuite sur chaque pièce, on peut alors facilement les empiler, en les alignant soigneusement. On les colle ensuite quatre par quatre (la scie sauteuse ne mange pas une plus grande épaisseur), puis on trace le trou à tailler.

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On colle ensuite les empilages entre eux, en place sur le mât, pour être sûr que la bague soit à la bonne dimension.

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Ayant besoin de l'électricité à bord, nous amenons le bateau près du quai, et nous attaquons les travaux en perçant un trou de repère dans l'emplacement prévu pour le mât.

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Je trace ensuite la forme extérieure de la bague, et je découpe le pont à la scie sauteuse. Franck, à l'intérieur, fait de même pour l'étagère et le lit, le mât traversant toutes ces épaisseurs pour aller se poser sur un sabot disposé sur la quille.

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Et on présente la bague:

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Franck colle ensuite le sabot sur la quille, ce qui permet de répartir l'effort de pression du mât. On en profite pour mettre en place la deuxième dérive.

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Franck est très pessimiste sur l'équilibre du bateau sous voile. En effet, à l'origine, le gréement devait être en catboat, c'est-à-dire que la surface de voile devait être complétement en arrière des mâts, ce qui n'est le cas sur aucune des deux voiles. Le centre de voilure est donc bien plus avancé que prévu, et les dérives sont donc bien trop en arrière, le bateau a donc une franche tendance à abattre, ce qui n'est jamais heureux. Il y a donc de fortes chances pour que nous soyons obligés de rajouter des petites dérives sabres en avant. Mais nous n'en sommes pas encore là !



Le lendemain, nous finissons l'aile. Franck installe les anneaux de friction dans lesquels passeront les ficelles qui permettent de commander le canard.

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Il y a encore à installer la commande du volet de bord de fuite qui permet d'asymétriser le profil. On colle une petite biellette sur le volet et des petites pipoutches pour le passage des liens. C'est fait rapidement.

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Et sur l'arrière du balestron, nous fixons les quatre taquets coinceurs, seul accastillage pour cette aile !! Deux en avant pour les commandes du canard, deux en arrière pour celles du volet de bord de fuite. Déjà que l'aile épaisse était d'une simplicité enfantine en terme de maniabilité, mais là, ça va être carrément ennuyant, puisque je vous rappelle qu'on ne touche à rien quand on abat ou quand on lofe, la voile gardant toujours le même angle par rapport au vent, le canard régulant cela. Il n'y a que lors d'un virement de bord, c'est-à-dire quand le vent passe d'un bord sur l'autre, qu'il faut alors faire changer le canard de bord, sous peine de repartir en marche arrière. Je vous avais expliqué le principe de fonctionnement quand nous avions essayé la maquette.

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Franck fixe ensuite plusieurs rangs de penons, qui aideront à trouver le réglage du canard qui donnera la meilleure incidence à l'aile.

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Nous décidons ensuite de peser l'aile, puisqu'elle est maintenant finie. Je vous rappelle que le poids estimé était d'environ 160kg avec le mât, avec un calcul qui nous donnait également le centre de gravité de l'aile. Il ne reste maintenant plus qu'à comparer les données théoriques et réelles.

Mais comment peser un truc pareil qui ne ressemble pas à grand-chose et qui pèse plus de 150kg, tout ça avec des moyens modestes ?? C'est très simple : Il suffit de limiter à trois les points d'appui de la voile au sol, et de «peser» chaque point avec un pèse-personne ! C'est une astuce que j'avais vu en passant mon brevet ULM : Pour peser un chariot ULM, on pèse chacune des roues, on additionne les pesées, et on trouve ainsi le poids total du chariot. Franck m'avait expliqué qu'on pesait également les poids lourds de cette manière, essieu par essieu. C'est simple, mais fallait-il encore y penser !

Nous commençons donc par caler l'aile en trois points : Tout en bas, légèrement en arrière ; en haut, légèrement en arrière; et au milieu de la partie haute du balestron.

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Il suffit ensuite de relever le poids de chaque point, avec le pèse-personne. On note également avec précision l'emplacement de ces trois points, pour trouver le centre de gravité.

On pèse également le mât, en pesant chaque extrémité.

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Et… les résultats sont assez surprenants, de par la précision obtenue sur certaines valeurs. Il faut d'abord dire que, par rapport aux calculs que j'avais faits avant la fabrication et que je vous remets ci-dessous, il y avait certaines modifications à apporter. En effet, comme le mât ne tourne maintenant plus avec l'aile, mais que c'est bien l'aile qui tourne autour du mât, il ne faut plus prendre en compte la masse du mât pour le calcul du centre de gravité. De plus, le canard avait été avancé par Franck de 50cm, faussant encore la position du centre de gravité.

 

Barycentre

 

Bref, avec les corrections, le centre de gravité théorique était à 290cm de haut, et 30cm en arrière du mât, pour un poids total de l'aile de 110kg, sans le mât.

Et bien le centre de gravité réel est en effet à 290cm de haut, mais n'est que 23cm en arrière de l'axe du mât, ce qui est mieux, puisque la perfection serait que l'axe du mât soit confondu avec le centre de gravité, pour éviter les rotations intempestives de l'aile dans le tangage ou le roulis. Et le poids total de l'aile est de 121kg, soit 10 kilos plus lourd que ce que nous avions prévu. En effet, j'avais estimé 3kg d'époxy pour l'assemblage de la structure et le collage des peaux, il était évident que nous avions largement dépassé cette quantité. Après, il est bien possible que le pèse-personne surestime légèrement ce qu'il pèse, mais nous sommes en tous cas dans la fourchette visée. Le mât, quant à lui, fait 10kg de plus que nos estimations… Le total à lever pour la grue sera donc de 175kg.

Mais, pendant que nous nous perdons dans les calculs, le temps passe, la fin de semaine approche, la grue entre sur le terre-plein de l'ACHM, la Mangue Bleue est à nouveau à quai et l'aile rigide attend gentiment d'enfin se tenir droite.

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Deux aussières ont été passées à travers l'aile, et tout le monde est prêt. Jean-Claude est à la manœuvre, il est rapide et précis. Il y a un peu de vent établi, mais pas de rafales et on décide de maintenir l'opération ! C'est parti !! Les photos sont un peu sombres, car prises par Thomas, en mode automatique.

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L'aile est rapidement soulevée, et nous la maintenons au mieux par des cordages.

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Le grutier la soulève ensuite suffisamment haut pour la faire passer par dessus les bateaux.

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L'aile est ensuite approchée du quai et Franck fonce sur le bateau pour guider l'aile.

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On le rejoint avec Martin et on approche le mât de son trou. Il y a pas mal de monde sur le quai, pour cette opération insolite…

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Le mât bien à la verticale de son trou, on descend maintenant l'ensemble. Franck est à l'intérieur, et nous guide pour passer les différents trous. Je répercute ses ordres à Rémy qui dirige le grutier !! Nous, on tient le dévers du mât. Et ça descend.

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Il faut faire légèrement pivoter l'aile sur elle-même pour passer les trous, et le mât continue de disparaître dans la coque.

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On libère les aussières de levage du crochet de la grue… L'opération est finie, il ne nous reste plus qu'à faire un peu de réglages. Tout s'est bien passé, ce qui n'était pas gagné d'avance. De plus, tout s'est passé très vite, sans aucune hésitation. Encore un grand merci au grutier, qui connaît bien son boulot…

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On retourne au mouillage, avant de régler l'aplomb du mât. Il faut également coller la bague au pont, et faire l'étanchéité au silicone entre la bague et le mât.

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Et, bien avant le coucher du soleil, l'aile rigide est enfin en place, à côté de l'autre mât et de la voile épaisse. Ceci récompense maintenant un an de travail !

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Et grâce à quatre heures de boulot pour assembler 25 photos avec le petit logiciel Hugin, voilà une jolie photo toute bizarre !

55EnPlace2

Je vous quitte vite, je suis attendu pour les premiers essais sur l'eau !! Il y a pas mal de vent depuis hier, je pense que ça va bien avancer !

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