Traversée Maore-Madagascar

«Pour aller à Mada ? 40h. De toutes façons, y a jamais de vent, on fait tout au moteur, donc y a pas beaucoup de paramètres hasardeux. Sans moteur?! Non mais ça va, ouais, j'ai que trois semaines de vacances, moi, c'est pas pour me les pourrir en mer…»

Voilà ce qu'on vous apprend sur la traversée, quand vous demandez au bar de l'ACHM des infos sur la nav. Mais depuis 3-4 ans, demandant ici et là des infos aux «vrais», c'est-à-dire ceux qui ne mettent pas le moteur dès que le vent faiblit, le bilan était un peu plus compliqué : parfois 50 ou 60 heures (c'est ce que j'avais fait avec le voilier de Kalou, une fois, pour rentrer), mais pouvant aller jusqu'à 5 ou 6 jours, le record étant de 27 jours, pour un bateau dont l'équipage comportait une femme enceinte jusqu'au cou, et tout le monde qui mourait de faim à bord, par pénurie de bouffe ! Ben oui, pour 40h, pas la peine de se charger trop… Ça a fini par un remorquage, et le bateau était tellement pourri qu'il a fini à la ferraille !

Bref, je m'attendais au pire, et 6 jours, ça me paraissait être une bonne base de départ.

Il m'a fallu 4 jours, 103 heures exactement. Ça fait une moyenne de 2 nœuds, ce qui est minable, mais il y a eu de grandes périodes de calme, ce qui explique ce mauvais chiffre, ma pire moyenne sur une traversée… Autre record : c'est ma plus courte traversée hauturière en solitaire !

Voici donc quelques photos faites en mer:

À l'approche des cotes, on renforce un peu la navigation, pour atterrir avec un peu de précision. Certains ont le GPS traceur qui leur montre en permanence sur la carte où ils sont, où ils vont, à quelle vitesse, comment, pourquoi, etc. Je suis plutôt pour la simplicité des choses : Des cartes imprimées sur papier normal (avec un double planqué au cas où), un petit GPS qui donne juste le point, le cap, et la vitesse, que je ne regardais pas, tellement déprimante sur cette traversée.

Il suffit ensuite de reporter son point (j'en fait un par jour, à midi), et de sortir sa règle Cras et son compas à pointe sèche pour tranquillement décider de la meilleure route à suivre. Ça permet aussi de se casser un peu la tête : j'ai failli faire une erreur en confondant mes différentes terres, et différentes îles : difficile de transposer la vue d'une cote vu au ras de l'eau, sans aucun relief, avec une carte, qui propose une vue aérienne, enlevant toute hauteur aux terres…

À l'arrivée sur Madagascar, les pirogues pullulent sur l'eau.

J'arrive près du mouillage dans une lumière magnifique. Nosy Bé sur la photo de gauche, Komba à droite:

Je suis très content de mon matériel de pêche, qui m'a fait un poisson dans le lagon, et un autre à l'approche des cotes malgaches, jamais plus d'une heure après avoir mis le leurre à l'eau. Ce qui m'a permis de faire un super petit repas en arrivant au mouillage : Poisson sur sa sauce au beurre et citron, fromage blanc maison, et compote faite le matin même : qui a dit qu'on mangeait mal en mer ?!

Le mouillage du port:

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