Cyclone à Mayotte, the suite…
Voici maintenant la suite, que dis-je, THE suite, du jour le plus long… N'oubliez pas de cliquer sur les photos, pour les agrandir!
On nous fait toujours croire que le cyclone ressemble à ça, alors que déjà, y en a un qui dit que c'est blanc, et l'autre que c'est violet, hein, c'est zarbi, non?! C'est cette différence de couleur qui m'a mis la puce à l'oreille!
Et en effet, pour de vrai, c'est comme ça. Ni violet, ni blanc, c'est juste la guerre! :
Pfouuuuh… Nuit difficile! Il est devenu cyclone à 21h, et Mayotte passait en alerte orange dans la foulée. On nous demande de limiter nos déplacements, mais sans annuler les élections. Allez comprendre…
Hier soir, j'ai pu rejoindre le bateau sans mettre un coup de pagaie! Le vent soufflait tellement fort qu'il n'y avait qu'à guider, et j'ai fait les 10 derniers mètres au surf, en priant pour ne pas rater le bateau, sinon, la prochaine halte était dans les îlots Hajangua…
Nuit difficile, donc, mais, chaque fois que je pensais à ceux restés au Nord, je voyais ma chance. Les copains à terre me donnaient la météo, que je renvoyais ensuite aux personnes sur les bateaux.
Réveil vers 7h30. Enfin…, cinquième réveil vers 7h30, p'tit déj, ça se calme. La preuve, cette nuit, le vent était tellement fort que la pluie n'arrivait pas à rentrer par la descente. Là, c'est à nouveau le cas, preuve que le vent s'est calmé, et surtout, il tourne à l'Ouest, signe que le cyclone s'éloigne. Marc me confirme la nouvelle par téléphone, et, en plus de s'éloigner, il le fait de plus en plus vite. Un voilier est échoué, Youssef, dont on avait vérifié tout le mouillage juste avant le coup de vent. Mais le ragage a eu raison de nos efforts, et cette bonne vieille baille en acier est venue s'échouer au même endroit qu'il y a deux ans.
C'est un spectacle un peu bizarre, que de se réveiller au matin, et de voir le mouillage en furie, avec tous les bateaux qui tirent ensemble dans la même direction, comme s'ils n'avaient qu'une envie: aller à terre… On voit bien sur la photo de droite que Peerliane, le voilier bleu, n'est qu'à 5m des cailloux. C'est impressionant, et Franck savait ce qu'il faisait en virant son safran…
Le ponton a été entièrement déserté, et vu que pas mal de petites vedettes se sont décrochées ou sont parties avant, il n'y a plus grand monde sur le mouillage:
On prépare déjà la remise à l'eau de Youssef en portant des ancres au large. On essaiera de le sortir ce soir, à condition que le vent se calme, comme la météo le prévoit. Mais il faudra aussi que la marée soit assez haute pour lui permettre de flotter, ce qui n'est pas sûr, puisque la marée qui l'a amené aussi haut était une marée de tempête, donc à très forts coefficients.
La marée est plein haute à 16h06. À 15h15, on commence à investir le voilier. Il pleut à verse, et j'y vais en combinaison de plongée. Votre reporter, toujours au cœur de l'action, n'a donc pas pu faire beaucoup de photos, puisqu'il a passé une bonne heure à mouliner un winch, puis à faire le guignol sur un bout pour faire gîter au max. Avec le ballant du mât, j'étais parfois catapulté à 6m de haut, avant de retourner direct à la flotte… Une ancre a été portée au large, reliée au bateau. Elle est également reliée à un corps-mort, pour ne pas ripper. On commence par tirer sur le haut du mât, pour faire basculer le voilier vers le large. On profite ensuite du ressac pour tirer sur la chaîne au maximum. Pendant ce temps, on continue de tirer sur le haut du mât, pour faire gîter à mort le bateau. En effet, gîté, un bateau a besoin de moins de profondeur pour flotter. Au final, il faudra une vedette avec 75 chevaux pour tirer sur le haut du mât et enfin s'en sortir, plus d'une heure après la marée haute. C'était impressionant: Comme la vedette tirait à 90 degrés de l'axe du bateau, il a d'abord rippé dans ce sens, avant de s'élancer en avant, en prenant un virage, un peu comme un skieur qui prend un virage!
Du gros boulot, mais, on l'a eu…
Et voilà le relevé météo de la nuit. En bleu, c'est le vent moyen, qui est calculé d'une façon assez compliquée, et… diminuant toujours le ressenti. En rouge, ce sont les rafales, et les flèches en haut, la direction. Oui, oui, il y a bien eu quasiment 50 nœuds en rafale à 3h du mat… C'est pour ça, que je dormais mal!
Le vent est maintenant revenu à la norme. Ne reste que la pluie, qui devrait encore durer jusqu'à demain…
En effet, le lendemain, grand beau, malgré quelques nuages. Le cyclone est maintenant sur les cotes malgaches, 100 nœuds étaient relevés ce matin… Brrrr, ça fait froid dans le dos…
C'était Adrien, votre envoyé spécial… au cœur du cyclone!
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