Aile rigide: Le canard

Voilà enfin ma fameuse recette du canard d'aile rigide. Les L doivent être préparés la veille, et la peau doit être craquante.

L'idée est de repartir sur la même structure que la voile de la maquette. On mettra, sur la hauteur, une nervure tous les 60cm et, en largeur, de chaque côté du profil, une latte en L tous les 30cm. Ces lattes font 30x20mm, on les fabrique avec deux couches d'uni-directionnel et une épaisseur de taffetas qu'on pose à cheval sur une poutre en ferraille de 40 mm de large. Ce qui dépasse de chaque côté est replié, formant la partie basse du L. Il n'y a plus qu'a découper à la disqueuse au milieu pour avoir deux jolis L.

Pour faire le cadre de la structure du canard, il y aura aussi un nez profilé fait avec deux contre-plaqués collés de 8mm et le bord de fuite aura une structure de T, pour qu'il ne cintre pas trop, ni dans un sens, ni dans l'autre.

On assemble cette structure exactement de la même façon que lorsqu'on a fait la maquette, puis on fend les nervures pour y glisser les lattes en L et on les colle à l'époxy, après avoir installé le squelette sur un marbre, qui nous le maintient bien droit.

Puis on attaque la peau qui habillera les profils. On assemble deux feuilles de contre-plaqué de mauvaise qualité, on cire l'ensemble à la spatule et on lustre à l'huile de coude. Que ceux qui ne savent pas pourquoi on cire récupèrent leur retard en suivant ce lien!

 On y dépose ensuite une épaisseur de taffetas qu'on imbibe de résine puis, on rajoute une épaisseur de bi-biais. Pour 1.136g de tissu, on utilise 1.047g de résine. Argh… C'est un petit peu plus que prévu. Il y a donc de fortes chances que pour faire les peaux de l'aile principale, on cherche une solution de vide pour avoir des collages moins riches en résine et donc, plus légers.

Le lendemain, on démoule. Y a plus qu'à rouler le bordel, pour le stocker proprement.

Et pendant ce temps, les remorqueurs ont enfin réussi à déséchouer le bâtiment militaire qui était arrivé à s'échouer sur la cale en débarquant ses troupes. Trop fort !

On fait la seconde peau du canard, puis on attaque la pose de celles-ci: On vérifie le marbre, puisqu'on sait, depuis la fabrication de la maquette, qu'une fois les peaux posées, la géométrie de l'ensemble est d'une raideur à toute épreuve. Il faut donc que tout soit nickel au moment de la pose, sinon, ça restera tordu…

Sans les peaux, il faut que je soulève un coin de plus de 12cm pour qu'un autre coin se soulève. On verra le résultat évoluer avec la pose d'une peau, puis de la deuxième, plus loin dans cet article.

La méthode de pose est simple : On trace sur la peau un rectangle parfait qui correspond à la longueur et la largeur du canard. On la fixe ensuite sur le bord de fuite, après l'avoir enduit de résine chargée. On enduit ensuite le reste du squelette et on déroule la peau en la vissant sur les profils et sur les L au fur et à mesure, toujours en commençant par le milieu et en partant vers l'extérieur, pour que la peau soit bien tendue. On aligne le squelette au fur et à mesure sur le rectangle tracé sur le canard, pour qu'il prenne la bonne géométrie.

À la fin, le canard s'est légèrement gauchi, il s'est soulevé du marbre sur une diagonale. On leste donc les coins pour le ramener à la raison.

Le lendemain, je refais la mesure en soulevant un coin. Il faut maintenant plus de 16 cm pour qu'un autre coin se soulève. L'ensemble n'est donc absolument pas plus raide qu'avant et la cote est plus importante parce qu'on a rajouté la peau, l'ensemble est donc beaucoup plus lourd. À plat, on ne peut, en revanche, plus du tout modifier la géométrie du rectangle, on en profite donc pour percer les trous de l'axe de rotation du canard, un tube de 35mm de diamètre.

Mais après la pose de la deuxième peau, il ne faut maintenant plus qu'un demi-centimètre pour qu'un autre coin se soulève. C'est donc l'ensemble des deux peaux qui donne toute la rigidité à l'ensemble.

On réalise ensuite les paliers, pour que le canard coulisse de façon parfaite autour de son axe:
L'axe étant un tube de 35mm, on perce à la scie cloche trois épaisseurs de CP empilés. On les perce à 40mm, et on les enfile sur une barre bien droite de 37mm de diamètre. Il nous reste donc 3mm de jeu, dans lequel on fait glisser une bonne bousée d'époxy graphitée. On y coince des petits morceaux de ferraille, pour bien centrer le jeu, et on démoule tout ça le lendemain.

Ça ne se voit pas sur la première photo, je vous la refais donc, avec un contraste différent: il s'est formé de nombreuses bulles dans les épaisseurs, laissant de gros trous.

Je chiade un autre enduit avec une lame de cutter.

Avec le rab d'époxy au graphite, je peins les axes du canard. Deux fois, pour supprimer tout jeu. Les paliers tournent maintenant parfaitement sur les axes, le canard est fini. Servez fumant, avec des oranges arrosées de miel…

Intégralité des articles sur la Mangue Bleue, le voilier de Francky    
Page sur mon travail à Mayotte   
Page d'archive des travaux de rénovation du voilier     

Page sur mes balades autour de Mayotte, ou à Mayotte    
Intégralité des messages du blog      
Intégralité des messages sur les photos sous-marines      
Intégralité des messages concernant la fabrication du dinghy     
Intégralité des recettes de cuisine     

Sauf mention contraires, toutes les photos du site sont sous Licence libre Copyleft CC-BY-SA, une licence Creative Commons
Vous êtes libre:
     -de partager, de distribuer et transmettre cette œuvre.
     -d'adapter, de modifier cette œuvre
Sous les conditions suivantes:
     -Paternité: Vous devez citer le nom de l'auteur original (Adrien RONDEL)
     -Partage à l'identique: Si vous modifiez, transformez, ou vous basez sur cette œuvre, vous devez distribuer l'œuvre résultante sous la même licence ou une licence similaire à celle-ci.

Pour plus de renseignement: Licence Creative Commons

Comments

[Clocel]

"essais d'anti-fouling top secret sur des zones de test"



Naaan,,, tu vas pas nous refaire le coup de l'huile de baleine de papa Moitessier ??? :)

[Clocel]

Sinon, les voiles de jonque,,, c'est bien les voiles de jonque, dans l'Indien ça ferait pas tâche ! :o)



Kaimiloa, le retour ! :o)



Du coup le canard reprend sa place,,, au four ! 1H30, pas moins ! :o)

[Dan42153]

Non content de nous envoyer des allusions à la gastronomie, il nous fait aussi de la pure poésie : "les peaux posées", la classe à l'état naturel... Trop fort, le ... canard !